onte Le grand méchant Graou, Ingrid Chabbert, Guridi, samir éditions 12€

Qu’est ce qui fait qu’on est méchant? A part Kirikou, personne ne se pose la question, généralement on est méchant parce qu’on est né comme ça, point. Le grand méchant Graou, lui, il est méchant parce que c’est ainsi que tout le monde l’imagine.
Certes, personne n’aurait l’idée d’aller vérifier ça de près, on évite même de prononcer son nom alors aller le voir, vous n’y pensez pas!

Mais se réputation le précède, et même si de lui on n’aperçoit qu’un bout de pelage noir ou des traces de pattes, on comprend tout de suite qu’il ne faut pas s’y frotter.

Mais dès qu’il est montré le lecteur comprend que ce pauvre Graou n’est pas aussi belliqueux que sa réputation le laisse entendre. Son regard fixe vers nous suscite immédiatement l’attachement (il est fort Guridi, pour faire passer tant d’émotions dans deux simples ronds blancs sur la silhouette noire).

Les humains d’un coté, la bête dite « sauvage » de l’autre, chacun campe sur sa position tout en évitant la confrontation. Comme il est confortable parfois de s’installer dans la peur de l’autre, de se replier sur soi même.

Heureusement, il y a les enfants. Eux peuvent s’extirper des préjugés. La fillette qui va à la rencontre de Graou veut se faire sa propre idée. Gentil, méchant? c’est difficile à affirmer avec certitude, il faut dire qu’il a adopté certains réflexes à force d’être ostracisé.

Mais la fillette a apporté quelque chose avec elle. Un cadeau pour Graou. Un objet de nature à révéler ce qu’il y a de civilisé en lui. A faire fuir la sauvagerie. Un livre.

Une jolie histoire d’amitié, sur trame de petit chaperon rouge, servie par des illustrations minimalistes et touchantes et un texte qui marche, lui aussi, à l’économie.

Lu aussi au pays des merveilles.