La petite bûche, Michaël Escoffier, Kris Du Giacomo, éditions d’eux, 2020, 14€
L’ours a une histoire à raconter. Il se concentre pour bien la taper à la machine. Mais de temps en temps, une lettre se glisse à la place d’une autre, et voilà que l’histoire de la petite biche qui va laver son linge à la rivière devient celle de la petite bûche qui lave son singe. N’importe quoi !
Mais l’écureuil veille à la cohérence du récit et reprends vertement l’ours a chaque erreur.
Il y a donc en parallèle trois histoires, celle, complètement absurde racontée par l’ours. Celle, beaucoup plus terre à terre mais qui finit par déraper aussi, corrigée par l’écureuil. Et puis la “vraie”, celle de la relation maître/élève entre l’ours et l’écureuil. L’image les différencie en montrant la réalité dans des teintes plus franches que les histoires inventées.
Concernant les protagonistes, on voit que les auteurs ont choisi leur camp, plus l’ours est sympathique, plus l’écureuil est agaçant. Au point qu’on se réjouit quand il finit par quitter la scène, laissant l’ours, toujours aussi étourdi, finir seul son histoire.
A ce stade, les enfants ont bien repéré le procédé et peuvent s’amuser à corriger eux-mêmes : ce n’est décidément pas avec une vache qu’on abat un arbre et ce n’est pas un boulet que la poule est pressée de retrouver.
Ils peuvent alors endosser le rôle de l’écureuil et affirmer que l’ours écrit décidément n’importe quoi. Mais le plus souvent, ils préfèrent s’amuser de la fantaisie absurde de l’histoire racontée par l’ours.
La petite bûche est un album très ludique et farfelu. Il peut être lu à des enfants qui ne savent pas encore lire qui le comprendront et s’en amuseront.
A partir du CP, il prend une saveur nouvelle, les enfants qui eux aussi peinent avec l’écriture se reconnaitront sans doute dans le personnage de l’ours. Et ceux qui sont déjà experts en lettres auront une grande joie à repérer les erreurs et à anticiper sur les corrections.
Faire un livre vraiment récréatif et qui soutien aussi efficacement l’apprentissage de la lecture n’est pas chose aisée. Il semble que c’est en train de devenir une spécialité pour Michaël Escoffier, après “Sans le A” et “Tempête sur la savane”.
C’est aussi sans doute une volonté des éditions d’eux, qui ont été fondés par deux anciens enseignants.
Leurs livres sont arrivés sur le marché français très récemment (juste avant le confinement, très mauvais timing les pauvres) et à mon avis il faut surveiller de près leur production parce qu’ils ont déjà un très joli catalogue.