Je voudrais te dire, Jean-François Sénéchal, Chiaki Okada, saltimbanque éditions, 2024, 14€50

Quand un enfant est confronté à un deuil, les adultes désemparés cherchent souvent secours dans la littérature enfantine.
Je comprends leur besoin d’être accompagné dans ces moments là et j’ai toujours des titres à proposer (pour l’anecdote, c’est parce que cette demande revenait très souvent que j’ai créé mon blog en 2009).

Je sais que dans cette situation on a parfois besoin du secours des mots des autres et surtout du réconfort que peut apporter la fiction et la beauté des images.

Je voudrais te dire possède les qualités requises pour aider parents et enfants dans leur perte.

C’est l’histoire d’un petit renardeau qui écrit à sa grand-mère récemment disparue. D’abord, il ne trouve pas les mots, il est démuni face à une nouvelle trop violente pour qu’il l’accepte. Il traverse les différentes étapes du deuil et le temps fait son œuvre.

Une des choses que j’ai apprécié dans cet album c’est qu’il trouve en lui même les ressources nécessaires pour se remettre et finalement prendre la plume. Il n’y a pas d’agent magique, de pensée profonde qui va lui donner courage ou force. Il y a juste lui, ses souvenirs et sa capacité à penser le monde. Je pense que ce choix rend à l’enfant son pouvoir d’agir face à l’inéluctable.

La très grande beauté douce des illustrations permet l’apaisement, on peut s’y plonger le temps de laisser passer une éventuelle émotion un peu trop prégnante.

Je ne doute pas que cet album puisse apporter du réconfort à un enfant qui aurait connu un deuil difficile. Cependant je vous invite à hésiter avant de le proposer à un enfant directement concerné.

J’ai souvent vu des parents me demander ce type de livres qui ensuite sont submergés par l’émotion au moment de les lire aux enfants. Si c’est difficile pour eux j’imagine qu’il en est de même pour les plus jeunes.

Je pense que nous gagnerions à avoir ce livre à disposition des enfants en permanence, qu’il faut leur faire confiance pour l’apprécier pour ses qualités intrinsèques. Il n’est pas besoin d’avoir soi même perdu quelqu’un pour s’attendrir devant ce petit renardeau ou pour s’émerveiller de ces images et de la poésie du texte.

Ainsi celui qui en aura un jour besoin saura bien retrouver ce livre le moment venu.