Comme expliqué ici, je ne peux pas consacrer une chronique à tous les albums jeunesse qui retiennent mon attention. Je fais donc régulièrement un article pour attirer le vôtre (d’attention) sur des livres qui la méritent (toujours votre attention, faut suivre un peu quand-même). Voilà donc une petite sélection d’albums jeunesse qui méritent d’être connus et sont sortis en 2022.
Un tout petit grain de sable, Galia Tapiero, Marion Brand, Kilowatt
Un petit format pour raconter, comme une histoire, le trajet d’un morceau de montagne qui se détache un jour d’orage, se cogne, rebondit, atterrit dans l’eau, devient de plus en plus petit et finit sur une plage. Presque un premier documentaire, avec de jolies illustrations dans lesquelles humains ou animaux croisent le trajet du minéral. Cet album fait suite à Une toute petite goutte de pluie.
Qui a peur de la peur? Milada Rezkova, Jakub Kaše, Lukáš Urbánek, éditions Helvetiq
Au premier regard on peut être impressionné par le format de ce grand documentaire, mais il est aéré et plein d’humour et finalement se lit très facilement. Le sentiment de peur y est abordé sous ses différents aspects. La peur est définie, on s’intéresse à l’effet qu’elle produit dans le corps, dans la tête, dans les relations aux autres. Elle est personnifiée et c’est elle la narratrice, aussi le livre contribue à l’apprivoiser pour ne plus la subir. Un livre qui pourra passionner adultes et enfants, à partir de 8-9 ans.
Mais qui conduit ce train? Ellen Karlson, Monika Forsberg, l’étagère du bas
Il y a un monde fou dans le train, chat, poulpes, crocodiles… Et plus d’animaux encore voudraient y monter. Mais il va beaucoup trop vite, bousculant ses passagers et oubliant de s’arrêter! Mais qui donc peut conduire ainsi?
Un album au rythme effréné et à la chute sympathique, qui ravira les bambins débordants d’énergie et passionnés d’engins ou d’animaux (autant dire qu’il va plaire au plus grand nombre, dès 2 ans)
Josette au bout de l’eau, Alex Cousseau, Csil, A pas de loups
Poussée par sa curiosité, la petite Josette s’embarque sur un bateau pour découvrir ce qu’il y a au loin, plus loin que tout ce qu’elle peut percevoir. Au fil de sa promenade, elle émet des hypothèses sur le bout de l’eau, fait quelques rencontres, visite les profondeurs de la rivière, va jusqu’à la banquise et quand elle revient, de nouvelles questions se bousculent dans sa tête.
Les illustrations colorées et pleines de peps tout comme le texte en rimes portent parfaitement cette histoire où l’émerveillement invite à découvrir le vaste monde.
Mon petit papa, Davide Cali, Jean Jullien, Sarbacane.
Normalement, un papa, c’est plus grand que son fils. Au début en tout cas. Puis il arrive que l’enfant atteigne la taille de son père. Et même qu’il le dépasse.
Mais que le papa rétrécisse, c’est étonnant. Celui là ne cesse de perdre des centimètres, et dans le même temps, son caractère change, il devient de plus en plus enfantin. Et même s’il perd la mémoire il reste toujours souriant.
Métaphore de la vieillesse ou simple histoire loufoque, cet album peut être reçue de plusieurs façons selon le lecteur, mais c’est toujours l’humour de la situation qui prime. Et si finalement la relation de soin entre le fils et son père s’inverse, ce qu’il reste constant c’est l’affection qui les unit.
Méli-Mélo au pôle Nord, Martine Perrin, les grandes personnes
Nous retrouvons avec plaisir les découpes chères à cette autrice dans un nouvel album tout carton pour les petits. Comme toujours ça fonctionne parfaitement autant dans la métamorphose des images lorsque l’on tourne la page que tu texte, très agréable en bouche. C’est également l’occasion de découvrir des animaux peu connus (sterne voyageuse, morue polaire)
Ici à travers le regard des animaux la question de l’écologie, de l’impact de l’homme sur le milieu naturel et du changement climatique est abordée mine de rien, et l’album se termine sur l’image d’un morse qui regarde fondre la banquise.
Tous à la rescousse, Tomoko Ohmura, l’école des loisirs
Nous retrouvons ici un défilé d’animaux dont l’autrice est coutumière et il faut bien le dire, ça fonctionne à tous les coups!
Ici ce sont des créatures marines qui sont sollicitées pour régler un mystérieux problème. C’est la crevette qui joue les chefs de rang, mais quelle sera leur mission ? Nous le sauront en ouvrant la page à rabat en fin d’album. Beaucoup de poissons peu connus peuplent cet album, ils ont tous des bouilles rondes adorables et s’associent pour rendre un coup de main. Cette série est toujours très appréciée des enfants et l’autrice trouve toujours une surprise pour ne pas lasser le lecteur.
Maman, maman, Claude K. Dubois, pastel
Ils sont tellement adorables, ces petits poussins. Et, disons-le, ils sont tellement pénibles! Toujours à chercher un truc! Maman, maman, il est où mon skate?
Maman a toujours la réponse mais elle aimerait quand-même bien finir son livre tranquillement! Et c’est toujours quand elle en est à un moment crucial de l’intrigue que ses petits l’interpellent de nouveau. Au point que c’est elle qui finit par se cacher, pour pouvoir bouquiner tranquille. Heureusement que les poussins ne sont pas doués pour trouver des trucs! J’adore toujours le trait tendre de cette autrice, et l’histoire est tout à fait parfaite!
Pétille colère, Amélie Carpentier, l’étagère du bas
La petite Pétille est furax. Une colère dévastatrice qui l’emporte irrémédiablement. Tout autour d’elle vole en éclat, et elle même n’y échappe pas. Mais dans ce tourbillon, elle va faire plusieurs rencontres. Chaque animal montre sa propre façon de vivre la colère et petit à petit, la sérénité revient… Jusqu’à la prochaine fois.
J’avoue avoir toujours un petit soupir quand je vois de nouveaux livres sur les émotions en général et la colère en particulier, tant ces sujets sont à la mode actuellement, mais ici j’aime assez le traitement graphique. Et puis il est peut-être temps de trouver des alternatives à Grosse colère, qui semble s’être imposé dans les crèches et les écoles.
Eh Colette, Catherine Louis, HongFei
Nous retrouvons ici les très jolies linogravures de Catherine Louis qui m’avaient déjà charmées dans les deux premiers albums mettant la petite Colette à l’honneur. Comme d’habitude, elle n’apparaît qu’en fin d’album, créant la surprise pour le jeune enfant, le chat tient d’abord le premier rôle.
J’aime toujours la très grande simplicité des illustrations avec une utilisation très parcimonieuse de la couleur. Au fil des livres l’univers de Colette se tisse, deux autres album sont prévus.
Orage, Anaïs Brunet, Didier jeunesse
Après le très beau Neige qui m’avait déjà tapé dans l’œil, l’autrice revient avec un nouvel album cartonné pour les plus jeunes. Encore une fois, elle utilise du vernis sélectif pour mettre en valeur certains détails, qui vient se superposer aux magnifiques images, elle joue avec le flou et le contraste. Le texte comme un poème accompagne remarquablement les images, on entend gronder l’orage, on sentirait presque l’eau sous nos doigts. Une très belle réussite, que l’on peut lire dès le plus jeune âge et qui plaira aussi aux plus grands. Il séduit presque à tout les coups les adultes comme les enfants.