Trois petits animaux, Margaret Wise Brown, Gareth Williams, MeMo, 18€
Ce sont trois petits ours, qui vivent dans leur environnement douillet et chaleureux.
Ils y sont heureux mais ils sont aussi très curieux et le monde des humains, avec son agitation colorée, qu’ils aperçoivent en bas de la colline suscite leur envie.
Alors un jour, l’un d’entre eux décide revêtir un complet veston et de se mélanger aux hommes.
Très vite, un deuxième le suit, paré d’une robe.
Le troisième petit animal, qui ne possède pas de vêtement, attend le retour de ses amis dans leur petite maison d’animaux. En vain.
Il décide de se chausser de bûches et de s’habiller de feuilles d’arbres pour aller lui aussi en ville.
Ses deux amis s’y fondent dans le décors, ils ne se reconnaissent pas mutuellement, peut-être même ne se reconnaissent-ils pas eux-mêmes. De nos jours, on appellerait cette perte d’identité un modèle d’intégration. Dans la foule, ils sont anonymes, comme les autres ils ont la mine grave, et semblent déambuler sans but, ni nonchalance.
Le troisième, avec ses guenilles, suscite des regards plus proches du mépris que de la compassion.
Il faudra finalement une grosse bourrasque de vent, qui dépouillera nos trois petits animaux de leurs attributs humains, pour qu’ils retrouvent enfin leur nature.
Joyeusement, ils courent vers leur petite maison d’animaux, où ils éprouvent de nouveau le bonheur simple d’être ensemble, exactement à la place qui est la leur.
Le texte de Margaret Wise Brown est, comme toujours, d’une grande tendresse et d’une parfaite justesse.
Quant aux images de Garth Wiliams, des crayonnés très délicats, elles s’y associent parfaitement et portent l’histoire.
On ne peut qu’être sensible au regard attachants des ours. On ressent le souffle de liberté quand ils courent comme des petits fous.
Un album qui interroge les notions de sauvagerie et de civilisation, de quête de soi aussi, mais qui est avant tout une adorable histoire, dont les jeunes lecteurs sauront parfaitement se saisir.