Loupé! Chrisitan Voltz, Rouergue, 13€50
Ce que j’aime bien chez Christian Voltz (bon, en vrai y’a plein de trucs que j’aime bien chez lui, mais entre autre ça), c’est qu’il nous fait pas la morale. Il nous dit pas ce qu’on devrait faire, il nous dit pas ce qui est bien et ce qui est mal. Il se contente de raconter des histoires, libres à nous d’en tirer les conclusions qui s’imposent. Et, quand il s’amuse des défauts de ses contemporains, il le fait avec plein d’humour, ce qui fait tout de suite passer la pilule.
Ici, il nous montre un bonhomme, probablement pas tout jeune, en témoignent les rides et la casquette de grand-père, qui attend le bus. A ses côtés, un grand dadais, un d’jeuns, un wesh-wesh, bref, un spécimen assez courant que l’on pourrait nommer jeune-adulte ou ado attardé. Un vrai “digital native” en tout cas, smartphone greffé à la main.
Le décor semble minimaliste: un bout de trottoir, une fenêtre et l’arrêt du bus.
Le papé (chez moi on dit papé, je viens du sud, mais vous pouvez traduire par papy ou pépé si ça vous fait plaisir, Voltz, lui, dirait Papapa) regarde les petits riens de la vie qui se déroulent autour de lui.
Le jeune, on ne sait pas trop si il regarde son téléphone ou si il se regarde à travers lui. Il joue à des jeux où il faut aligner des bonbons, il fait des selfies où il fait semblant d’être heureux comme tout d’être là, il envoie des texto à l’orthographe improbable. Mais tout cela ne lui évite pas l’ennuie. C’est qu’il a sans doute des trucs importants à faire, lui (comme tenir les murs dans un autre quartier probablement).
Pendant ce temps, une petite plante pousse imperceptiblement sur le trottoir, l’araignée fait sa vie, une chenille se fait un cocon. Et le sourire du vieux s’épanouit de page en page.
Évidemment, la chute est délicieuse (non, je ne vous la dévoilerais pas).
Cet album raconte un des travers de notre époque avec plein d’humour et presque pas de texte. Il fait mouche avec les enfants “déjà grands” (dans mon univers professionnel, on est grand dès 6 ans) et fait bien rire les adultes et ado qui ont généralement l’honnêteté de s’identifier au jeune plus qu’au papé.
Et comme je suis tout aussi sur-connectée que le d’jeun de cette histoire, vous pouvez me retrouver sur facebook ou twitter.