Lenny et Lucy, Philip C. Stead, Erin E. Stead, kaléidoscope

Dès la couverture, j’ai su que j’allais aimer cet album. Je suis très sensible au charme désuet et délicat des images d’Erin E Stead. Des images qui ont une grande force évocatrice et qui nous transportent immédiatement dans un monde proche du nôtre et si proche de l’imaginaire enfantin.

C’est l’histoire de Peter, qui emménage dans une nouvelle maison, de l’autre coté de la forêt, après le pont de bois. Mais le déménagement, à mon avis n’est pas le sujet de l’histoire. Il n’est que le prétexte pour explorer des sujets bien moins terre à terre: la peur de l’inconnu, l’absence, l’amour.

Dès le début, Peter est inquiet: « Je crois que c’est une très mauvaise idée » dit-il. Mais son père est occupé à sortir les cartons de la voiture, seul Harold, le chien, écoute l’enfant. C’est lui qui va accompagner Peter dans sa découverte de son nouvel environnement. Son pelage jaune ressort dans les images où le gris ressort sur le blanc de la page.

Le gros sujet d’inquiétude de Peter, c’est la foret, de l’autre coté du fragile pont de bois. On imagine la maison totalement isolée.

Pour veiller à ce qu’elle ne franchisse pas la limite, Peter invente un gardien fait d’oreillers et de couvertures. C’est Lenny, le géant plein de douceur. Il est plein de douceur Lenny, on l’imagine contenant, rassurant, comme peut l’être une maman. Tiens, d’ailleurs, où est donc la mère de Peter? L’histoire ne le dit pas, mais il me semble que son absence est le sujet central du livre. Le déménagement fait il suite à une rupture? Un deuil? Si la solitude du père n’est jamais évoqué dans le texte, celle de Lenny va rapidement préoccuper le jeune garçon. Il faut une compagnie pour Lenny. Alors, avec de nouvelles couvertures, il créé un nouveau géant. Ce sera Lucy, une compagne pour Lenny.

C’est sous le regard bienveillant du couple de gardiens du pont que Peter va faire la connaissance de Millie, la voisine. Ainsi réunis, ils peuvent observer le monde qui les entoure. Pendant ce temps, de l’autre côté de la maison, on peut voir le père de Peter qui, lui aussi, fait une rencontre.

Et sur la dernière image, la maison qu’on pensait isolée apparaît aux cotés de sa jumelle, la maison de Millie. Les enfants se regardent par la fenêtre et le faisceau de leur  lampes se croisent, formant un cœur au centre de la page.

Un album qui a fait mouche aussi dans le tiroir à histoires