Les deux vieux et l’arbre de vie P. Fischmann M. Bourre Didier jeunesse 12,50€

isbn: 978-2-278-07054-1

Un couple de vieux unis dans une tendre complicité. Tout en rondeur, enveloppants, on les imagine volontiers grand parents. Ils mènent leur vie paisible, au rythme de la nature, dans leur cabane dans les bois. Un jour, ils découvrent une petite graine sous la table. Alors le balais de la vieille s’arrête, la graine est laissée là, sous la table, où elle va pousser petit à petit. Quand, devenue arbuste, elle touche le plateau de la table, il faut bien faire un sacrifice

La décision est prise sans besoin de concertation: Pour laisser l’arbuste s’épanouir, il faut fendre la table en deux. Et la vie reprend son cours, les vieux mangent désormais sur leur genoux, mais, l’illustration en atteste, ils sont toujours aussi serins, aussi paisibles, heureux.

L’arbre grandit encore et bientôt c’est le toit de la cabane qui fait obstacle à son épanouissement. Toujours, les vieux vont choisir de faire primer le bien-être de leur « fils de bois » avant le leur. Toujours, ils semblent renoncer sans regret à leur confort au profit de l’arbre. Il y a des choses qui sont plus importantes qu’une table ou qu’un toit. Le temps continu de faire sa ronde et, quand on est vieux, on sait où ça mène, tout ce temps qui passe. Ce couple emprunte le chemin de la vie, vers son point final, avec une simplicité évidente.

Patrick Fischmann est conteur, et on entend vraiment sa voix de conteur en lisant l’album. Les mots semblent écrits pour être lu à voix haute. On connaît la grâce des illustrations de Martine Bourre. Comme dans « y’a une pie dans l’poirier » elle a ici travaillé en n’utilisant que quelques couleurs: le rouge, le vert de l’arbre, le papier kraft et surtout, le blanc de la page. La vie fourmille, le renard se balade, les oiseaux
s’ébattent, on aperçoit dans la forêt une biche, un cerf. Aux côtés du couple, le chat blanc apporte une présence bienveillante, qui les suit au fil de tout l’album.

On est presque dans l’antithèse de « l’arbre généreux« . Mais ici, point de nostalgie, ni de sentiment d’abandon, pas même de tristesse. L’arbre grandit et les vieux deviennent plus vieux, ainsi va la vie…