L’éléphant de l’ombre, Nadine Robert, Valerio Vidali, Saltimbanque, 2020, 16€
Allongé de tout son long, les yeux clos, l’éléphant rumine son chagrin.
Dans la savane, les autres animaux se soucient de lui, tentent de l’amuser. Le singe lui raconte une blague, les autruches inventent pour lui une chorégraphie, on lui sert des mets délicieux. Mais rien n’y fait.
Il reste muet, maussade.
L’opposition entre son humeur et celle des autres personnages est mise en valeur par un contraste de couleur: chaleureuses et lumineuses sur la page de gauche, où évoluent les autres animaux, bleu sombre pour l’éléphant sur celle de droite.
Séparé des autres par la charnière de la page, il reste inaccessible, sourd à leurs propositions, enfermé dans son chagrin.
Petit à petit le soleil décline et il se retrouve seul.
Puis arrive une petite souris. Elle n’essaie pas de le distraire de sa tristesse, elle cherche juste un endroit où s’installer. Elle même n’est pas en grande forme…
La mise en page s’inverse, l’éléphant se retrouve à gauche. Le soleil finit par se coucher et l’ombre est partout désormais. Mais la rencontre a lieu et éléphant et souris sympathisent. Un nouveau chemin s’ouvre à eux, porteur d’espoir.
Il y a des albums qui abordent la tristesse et le chagrin. L’éléphant de l’ombre va plus loin, concernant l’éléphant on peut parler de perte du gout de vivre, de dépression.
Le sujet est traité avec subtilité, sans moralisme. Il ne prétend pas donner des réponses sur le “bon comportement” à adopter face à une personne déprimée. Mais il permet de comprendre à quel point c’est compliqué pour la personne concernée comme pour son entourage.
L’histoire ne se termine pas par une résolution, on ne peut pas être certain que le chagrin est surmonté. Mais un petit clin d’œil dans l’image nous montre que la solution n’est peut-être pas loin.
J’aime la sobriété du texte et de l’image et la subtilité avec laquelle le thème est traité.