Les minuscules, Claude Clément, Tildé Barbey, éditions du pourquoi pas, 2022, 13€
Il y a des personnes qui excellent dans l’art d’aborder les sujets les plus délicats. C’est le cas de Claude Clément, dont la langue sobre et juste m’avait déjà séduite dans un livre qui se situe à la rencontre de l’album et de la poésie.
Ici encore elle trouve les mots pour raconter l’horreur, sans mélo, sans apitoiement. Pas d’emphase excessive mais la réalité montrée nue implacable et pourtant porteuse d’espoir.
L’histoire, c’est celle de Bassem, un garçon ordinaire, qui joue et va à l’école, jusqu’au jour où est arrivé la catastrophe. La guerre qui sévit depuis des années arrive dans son quartier et sa maison est soufflée par une explosion. À sa place il ne reste que le vide. Les murs ne sont plus là, les parents et les sœurs de Bassem non plus. Thildé Barbey parvient magnifiquement à montrer la douleur liée à l’absence en même temps que la chaleur des relations qui se nouent par delà la souffrance. Avec des tons ocres, un paysage de sable, iel évoque la fragilité des êtres et des choses mais aussi l’importance d’être ensemble.
Car Bassem va retrouver d’autres rescapés et tous ont quelque chose à sauver, quelque chose à offrir à la communauté. Des boutures de plantes pour Nawal la vieille dame, un chaton pour son amie Shadia mais aussi un air de musique, un peu d’eau potable et les livres, que l’instituteur s’empresse de mettre à l’abri. Car même les populations les plus malmenées sont des êtres de cultures, ils y puisent leur humanité et y sont attachés.
Les minuscules ce sont ces personnes auxquelles peu d’importance est accordée, mais aussi leurs actes, minuscules et indispensables.
Ce très bel album, tout en retenue, ne peut pas laisser indifférent, il touche au cœur avec douceur.