le mot sans lequel rien n'existe claude clémentLe mot sans lequel rien n’existe, Claude Clément, conception graphique Cyril Dominger, éditions du pourquoi pas, 2021, 12€

L’oiseau trouve un livre abandonné sur une plage. Dans ce livre, il picore des mots.
Il les choisit avec soin: Justice, Parole, Liberté, Écoute, Dignité…

Douze mots en tout, dont il est rassasié, dans lesquels il puise de la force. Puis il survole le monde.
Le notre, celui des humains.
Et il n’est pas très joli.

Il va visiter trois espaces très différents. D’abord un endroit aride, où règne la famine pour les plus pauvres et l’opulence indécente des princes.

Avant de s’éloigner, l’oiseau y laisse tomber quelques mots. Liberté, justice, parole, dignité.

Puis il poursuit son chemin.
Il arrive là où les hommes sont affairés, entre tours de verre, de béton et d’acier. C’est différent mais ce n’est pas moins violent. Ce que décrit l’autrice sous forme poétique est toute la brutalité de l’injustice sociale.
Notre héros de plume y sème les mots tolérance, différence, tendresse, écoute.
Enfin, l’oiseau survole la guerre. Toute la barbarie dont sont capables les humains, sans cause apparente.
Ici ce sont les mots compassion, paix, amitié et joie qu’il laissera tomber de son bec.

Le mot sans lequel rien n’existe, Claude Clément, conception graphique Cyril Dominger, éditions du pourquoi pas,

Mais il sait que tout cela ne suffira pas. Il revient au livre et y pioche le mot sans lequel rien n’existe, le mot amour, qui viendra fertiliser toutes les graines qu’il a semé précédemment.

Ce texte en alexandrin a d’abord été édité sous forme d’album, aux éditions du Sorbier, illustré par Sylvie Montmoulineix.
Mais depuis plusieurs années, il était épuisé.
Et les éditions du pourquoi pas ont fait un pari audacieux, celui de l’éditer sans illustration, avec une mise en page sobre où le graphisme des mots est mis en avant.

Avec une fine feuille de papier pour jaquette, une couture de fil rouge pour reliure, l’objet se présente comme un trésor précieux, délicat et fragile. Il faut en prendre soin. Un simple instant inattention et il s’abîme, tout comme les mots picorés par l’oiseau.

Il se prête à une lecture intime, seul ou à deux, il est à manipuler avec précautions. Comme souvent la poésie, ce livre nécessite un peu de temps, il faut s’y arrêter, laisser les mots cheminer en nous.

Avec les enfants il peut être nécessaire d’en parler, parfois longuement. Il peut les aider à penser le monde.