Un million de points, Sven Völker, helvetiq, 2023, 18€
C’est toujours difficile, même pour les adultes, de se représenter les très grands nombres.
La grande majorité des livres à compter ne présentent que les unités, parfois les dizaines mais rares sont ceux qui vont au-delà.
Il faut dire que s’il s’agit de permettre à l’enfant de dénombrer des éléments sur la page, il n’est pas aisé d’aller beaucoup plus loin: les plus jeunes ne savent compter que jusqu’à cent, les plus grands ne sont plus attirés par les imagiers destinés aux petits.
Et puis il y a la question de l’organisation graphique: pour montrer un très grand nombre d’éléments il faudrait qu’ils soient minuscules… Ou que la page soit très grande.
Ici, chaque page va proposer une addition. 1+1=2, jusque là ça va. 2+2+4, on comprend déjà qu’on ne va pas ajouter 1 a chaque fois et que la somme va donc grandir rapidement.
Ce sont toujours des points qui sont représentés, mais ils changent d’échelle et de signification d’une page à l’autre. 16 points sur les élytres de la coccinelle, puis 32 qui décorent un grille-pain, et quand ils sont quatre mille quatre-vingt-seize ce sont des étoiles.
A ce stade-là bien sûr, l’enfant n’en est plus à les pointer un à un sur l’image, mais il peut encore les distinguer les uns des autres.
Puis viennent les chiffres tellement grands que les points finissent par ressembler à un aplat de couleur, il faut scruter l’image de près pour voir les cent trente et un mille soixante-douze grains de sable.
Et pour montrer qu’un million de points c’est vraiment beaucoup, il faut carrément des pages qui se déploient en fin d’album.
Il ne s’agit pas bien sûr d’apprentissage précoce, mais de permettre une représentation plus juste de cette notion souvent abstraite.
Comme l’ouvrage est très graphique, il peut être montré comme un imagier et simplement feuilleté par les enfants pour le seul plaisir de regarder de belles images.