Un si petit cœur, Michel Gay, école des loisirsUn si petit cœur, Michel Gay, école des loisirs, 12€20

Nour, pour se rendre à l’école doit marcher longuement dans le désert. Elle a l’habitude de donner quelques miettes de son goûter aux oiseaux sur le chemin. Mais ce matin, un gros camion a fait peur aux oiseaux et l’un d’eux s’est cogné contre un poteau, il a perdu connaissance.
Nour Le protège des renards du désert et le recueille. Un instant elle le croit mort, mais son petit cœur bat encore. Alors elle décide d’en prendre soin et le cache du vent et du sable sous son voile.

Arrivée à l’école, elle veut l’examiner mais elle craint que les autres enfants ne viennent le bousculer. D’ailleurs, dès qu’elle le sort il attire en effet l’attention de tous les bambins puis celle des maîtresses. Nour protège l’oiseau jusqu’à ce qu’il soit enfin capable de s’envoler.

L’histoire est assez universelle: un animal blessé, un enfant qui en prend soin, puis la guérison et la séparation qui s’en suit.

Un si petit cœur, Michel Gay, école des loisirs

Elle est servie par un texte doux et qui va à l’essentiel.
Mais ce sont surtout les images qui m’ont séduite. J’ai toujours apprécié l’univers doux et bienveillant de Michel Gay, son petit zèbre Zou m’accompagne souvent dans mes séances de lecture. Mais jamais je n’avais vu dans ses images une telle maîtrise dans l’image. Ici l’utilisation de la double page, les jeux d’ombres, le jeu sur l’intérieur et l’extérieur (avec en début d’album une image de Nour se faisant coiffer par sa maman vue par la porte de la maison et en échos les enfants que l’on voit par la porte de l’école plus loin dans l’histoire) tout semble pensé finement et donne une grande richesse à l’album.

Par ailleurs, les enfants avec lesquels je travaille sont souvent entourés de femmes qui portent un voile. Leurs mamans, leurs voisines, leurs assistantes maternelles. Hors ces femmes sont généralement absentes de la littérature jeunesse, sous représentées, invisibilisées. Ici, Nour, ses camarades de classe et les maîtresses portent un foulard, sans que ça ne soit mentionné. Là n’est pas l’histoire, ce n’est même pas un sujet. Nour est une petite fille tout ce qu’il y a de plus normale, son histoire pourrait arriver à n’importe lequel des petits lecteurs auxquels s’adresse l’album. Finalement, qu’elle porte un voile est secondaire, ce que je trouve très bien ça remet les choses à leur juste places: L’héroïne ici, c’est Nour, ce n’est pas « une petite fille voilée », elle ne se résume pas à cela.