Le chien, le lapin et la moto, Kate Hoefler, Sarah Jacoby, éditions des éléphants, 2021, 14€
On ne sait pas pourquoi Lapin n’a jamais quitté son champ, en bordure de route. Pourtant, toutes les nuits, il en rêve.
Chien, lui, est un aventurier. Sur sa moto, il a parcouru le monde. Maintenant qu’il est trop vieux pour cela, il raconte à Lapin ses multiples voyages. Des récits si vivants que Lapin à vraiment l’impression d ‘y être.
Tous les jours, il fait vivre à Lapin des histoires imaginaires.
Jusqu’au jour de la mauvaise histoire, qui laisse Lapin seul et triste.
Chien ne viendra plus, mais il a légué sa moto à Lapin.
Le temps s’écoule dans le champ de Lapin. Les saisons se succèdent. Lapin a besoin de temps pour faire son deuil. Il a peur de l’inconnu. Il faut du temps avant que finalement, la route, celle là même qui borde son champ, l’appelle.
Quand il enfourche la moto de son ami disparu, il souhaite seulement aller au bout de la route. Il ne sait pas alors que certaines routes sont longues, très longues.
Quelle belle histoire d’amitié, de voyages et de réalisation de soi!
C’est avec énormément de douceur que la mort de Chien est évoquée, et que l’appel de la vie se fait sentir pour Lapin. Il y a ce qu’il faut de tristesse, pas trop bien sûr, mais elle est là quand-même. Comme la vieillesse, évoquée en début d’album.
Mais finalement, ce qui domine, c’est cette incroyable liberté que Lapin va découvrir. La grandeur et la beauté du monde, sa variété aussi.
Le format à l’italienne et les images pleine page permettent aux très belles illustrations de se déployer. Les paysages ont des couleurs chatoyantes, ils semblent immenses et irrésistiblement attractifs.
A l’inverse, les pages qui évoquent le deuil et le chagrin de Lapin sont sombres et froides. Même les fleurs penchent la tête.
Chaque sentiment est évoque avec finesse, jamais trop appuyé. Vraiment un bel album.