Où se cache ma fille? Iwona Chmielewska, éditions Format, 2020, 18€50
Un parent (père ou mère? On ne le sait pas) fait le portrait de sa fille. Un portrait plein d’amour où les différentes facettes de l’enfant sont racontées.
L’autrice utilise le recto et le verso de chaque page pour montrer deux visions du même patchwork, son endroit et son envers, doublé d’organza blanc. A une première image en couleur, très soignée, succède donc sa doublure, aux fils apparents. Ce n’est pas la fillette qui se dissimule derrière les meubles, mais des animaux qui évoquent des traits de sa personnalité. Chaque animal en partie caché sur la première image apparait en entier mais transformé au verso.
Car une même enfant peut être à la fois forte comme un éléphant et faible comme un chaton. Tour à tour redoutable comme un lion ou douce comme un agneau.
Comme dans le très beau “Dans ma poche”, Iwona Chielewskautilise les caractéristiques de la couture pour créer des illustrations sensibles, intimes, touchantes.
Elle dresse un portrait tout en nuances et en finesse. Les caractéristiques de l’enfant ne sont pas évaluées, jugées, il ne s’agit jamais de savoir si c’est bien ou pas d’être timide, amical ou vulnérable. Mais la répétition “Ma fille”, qui revient à huit reprises dans le texte, suffit à montrer à quel point l’enfant est chéri par le narrateur invisible.
On imagine la fillette, puisqu’on ne la voit pas. Et on est impatient de faire enfin sa connaissance. Quand, sur les dernières pages, elle apparait enfin, en deux temps encore, endroit, envers, une surprise nous attend. On a alors envie de relire l’album à la lumière de cet élément nouveau.
Où se cache ma fille est un très beau travail d’artiste, incroyablement minutieux, très sensible, qui n’est pas sans rappeler celui de Louise-Marie Cumont. On devine que chaque morceau d’étoffe utilisé a une histoire, un passé qui contribue à rendre les images si émouvantes.
Un coup de cœur.