allö maman taxiphone Lévy Solt sarbacaneAllô maman taxiphone, Didier Lévy, Héloïse Solt, sarbacane, 2022, 16€50

“Allô maman”, c’est le nom du taxiphone de la rue de Belleville, à Paris.

Il est tenu par un couple et c’est leur enfant qui est le narrateur de l’album.

Il nous raconte, avec toute la candeur de son jeune âge, la petite communauté hétéroclite qui vient régulièrement.
Ici se croisent des enfants et des plus tout jeunes, des gens très censés et des un peu fous, des hommes, des femmes, des très pauvres et des pas bien riches.
Les cultures, les langues, les habitudes de chacun se rencontrent et parfois se télescopent.

En faisant le portrait des clients habituels, le garçon nous donne aussi à voir une vie de quartier, sans caricature.

 

C’est ainsi que nous faisons la connaissance de monsieur Wang, qui vient régulièrement pour chanter une berceuse au téléphone à sa fille restée au pays. Sa fille a 37 ans, mais il n’y a pas d’âge pour écouter les chansons de son père.
Il y a aussi la petite Simona, qui dépense tous ses centimes pour appeler la Géorgie (celle qui est au bord de la mer noire précise-t-elle, pas celle qui est en Amérique). Quand elle vient, le petit narrateur rougis facilement en la regardant.

Ou encore Frangio et ses gâteaux, Assante qui a besoin d’aide pour remplir ses papiers.

allô maman taxiphone

Ici on peut aussi acheter des bonbons, envoyer de l’argent à l’étranger ou faire des photocopies. Et même parfois venir juste pour se reposer, quand dehors il fait trop froid pour y dormir.

Mais l’essence de la boutique, c’est avant tout d’être un lieu d’échange de mots, et c’est cet aspect qui tient à cœur au petit garçon.

C’est aussi ce que j’ai apprécié dans Allô maman taxiphone, ces personnages réunis par les mots au delà de leurs différences de langues. Il est bon de savoir qu’on peut toujours se parler, se rencontrer, s’apprécier, grâce à nos différences plutôt que malgré elles.