quand maman était petite comme moi lasserre Bonotaux saltimbanqueQuand maman était petite… Comme moi, Hélène Lasserre, Gilles Bonotaux, saltimbanque, 2022, 13€90

Après Quand mamie était petite… Comme moi, sorti en 2020, le même duo d’auteur se penche sur l’enfance d’une fillette dans les années 90.
Le principe est donc le même, un narrateur invisible, manifestement enfant en âge d’aller à l’école, nous raconte le quotidien de sa mère au même âge.

Cela en fait un album idéal à partager en famille, l’adulte pouvant éprouver une agréable nostalgie de son enfance pendant que le petit lecteur va apprécier de découvrir son parent sous un jour nouveau.

Et on mesure brutalement à quel point les choses ont changé en 30 ans, même si on retrouve une certaine universalité de l’enfance entre le souvenir et le présent.

J’ai eu un immense plaisir à le lire avec ma fille, qui m’a posé plein de questions sur ma propre enfance (qui remonte plutôt aux années 80 que 90 et mine de rien ce n’est pas pareil)

quand maman était petite

Ainsi ma cadette est restée très perplexe devant le concept de minitel (« Mini-Tel?!? mais enfin, c’est énorme et ça ne sera pas à téléphoner, pourquoi ils l’ont appelé comme ça? »), a trouvé aberrant l’idée même d’un appareil photo jetable ou de motocrotte (faut avouer…) et a compatis à l’idée d’une enfance sans internet ( le livre évoque le forfait 3 heures par mois, mais je lui ai expliqué que quelques années auparavant, ça n’existait même pas).
Quant à moi, j’ai passé la lecture à m’exclamer « ah mais oui! » « Mais tellement! » « c’est exactement ça! » et, plus rarement « han, j’avais oublié ça… »

L’album fait preuve d’une précision documentaire, dans le texte comme dans les images, où l’on retrouve les vêtements, les affiches, les petits objets du quotidiens (crayons, trousses, gadgets) mais aussi bijoux ou coiffures qui ont marqué l’époque.

Bref, ça fonctionne vraiment bien, on a mis très longtemps à le lire tant on a fait de digressions et la conversation qui en est née a continué à nous occuper pendant plusieurs jours, en incluant toute la famille: mes deux filles, leur père, mais aussi leurs grands-parents, qui se sont pris au jeu des souvenirs avec bonheur.

Quand maman était petite est donc vraiment facteur de liens familiaux et je trouve ça très intéressant. Cela rend plus délicat le fait de l’utiliser dans le travail.
D’autant qu’il propose une vision très située: c’est une enfance en France, en ville et même plus précisément à Paris (les fameuses motocrottes ont-elles existé ailleurs?). Les familles avec lesquelles je travaille ont probablement des souvenirs d’enfance bien différents. Quel intérêt peut donc présenter pour elles cet album?
Je l’ai apporté à l’école où j’anime des groupes de discussions avec les parents autour des albums (dont je parle ici et aussi un peu ici), les personnes présentes l’ont trouvé intéressant et la mère qui l’a emprunté m’a dit « effectivement, ça ne ressemble pas du tout à ma propre enfance, je vais le lire à mes fils et je vous raconte le mois prochain ce qu’on en a pensé ».

Je vous tiendrai au courant, bien sûr.