Rue de la peur, Gilles Baum, Amandine Piu, amaterra, 2022, 19€90
L’album se présente comme une petite maisonnette, avec un rabat aimanté que l’on trouve dans d’autres albums de cette maison d’édition et qui plaît beaucoup aux enfants.
Puis il peut se lire comme un livre ou se déployer en paravent, chaque page étant plus grande que la précédente, les maisons grandissent au fil de la lecture.
Nous suivons le cheminement d’une fillette le long d’une rue bien inquiétante, chaque logis étant visiblement occupé par une créature effrayante. Elle se rend à l’opposé, là où habite son papy.
Elle passe sur la pointe des pieds devant certaines façades, accélère parfois le pas, mais on l’accompagne volontiers et pour tout dire, les petits lecteurs perçoivent qu’il y a beaucoup de jeu dans sa façon de montrer sa peur.
C’est qu’elle même sort d’une maison bien étrange qui évoque plus une maison hantée d’Halloween qu’un foyer familial lambda.
Sur toutes les habitations, des caches à soulever nous laissent percevoir araignées, tentacules, fantômes et autres squelettes. Puis, quand la petite fille est en compagnie de son grand-père, nous passons de l’autre côté et nous découvrons ce qui se cache réellement derrière les façades.
Une rue pleine d’habitants amicaux, drôles et sympathiques.
J’apprécie l’idée qu’il faut passer de l’autre côté, rencontrer réellement les gens et ne pas se fier aux apparences ni tirer de conclusion hâtive. Qu’en surmontant la peur de l’inconnu on peut sympathiser même avec des personnes différentes, aux mœurs étonnantes.
Mais ce que les enfants retiennent surtout de cet album, plus que le message humaniste, c’est son côté ludique. Ils se régalent à jouer à se faire peur, à découvrir les détails insolites et amusants sous les nombreux petits caches et même à en faire un décors pour leurs jeux avec des figurines. La lecture laisse place au jeu et vice-versa. Ils sont généralement très contents d’avoir traversé sans trembler la fameuse rue de la peur et sont prêts à refaire le trajet avec plaisir.