Trio, Franc Bruneau, Ambrogio Sarfati, Camille Tartakowsky, Dyozol, 9€90
Monsieur et madame Pythagore viennent d’ailleurs. Peu de temps après leur arrivée dans l’Hexagone ils donnent naissance à un tout petit triangle, il s’appelle Trio.
A l’école, Trio se mêle à ses camarades les petits ronds, très majoritaires, et les carrés. Ensembles, et avec les spécificités de chacun, ils inventent des jeux de cour de récré.
Quand on l’embête, sa physionomie anguleuse lui est bien utile, il pique.
Un des ronds, Rondo, qui en fait les frais, se rebiffe. Il exclurait bien les triangles, pas seulement de la cour de récré mais de toute la contrée. Et les carrés au passage, histoire sans doute de vraiment rester entre soi. Il estime qu’il n’a pas besoin de cette diversité.
Trio, quant à lui, ne voit que des avantages à leurs différences, et il va tranquillement les énumérer.
Et, comme il s’agit d’enfants, la discussion est bientôt suivie d’un jeu et le conflit rapidement surmonté. Les personnages imaginent tout ce qu’ils peuvent faire ensemble, un univers sans limite, où le jeu est le garant de tout les possibles.
Je ne sais pas pourquoi mais les thèmes de l’exclusion, de la différence, de la place de chacun au sein d’un groupe sont souvent traités avec cette forme abstraite. C’est le cas dans le formidable 4 petits coins de rien du tout, dans Petite tâche et bien sûr, dans Petit bleu et petit jaune.
Sans doute cela permet-il une mise à distance salutaire pour ce sujet délicat. C’est aussi pour les auteurs un moyen de représenter l’essence de la différence, sans en nommer une spécifiquement.
Ici le propos est très clair sans être excessivement appuyé, les enfants à qui l’on lit cet album saisissent bien que c’est de la diversité que naît la richesse. Rondo peut alors rejoindre Trio et Carro dans une fin qui dépasse les clivages.