Cette maison est hantée, Olivier Jeffers, kaléidoscope, 2022, 18€
Il paraît que cette maison est hantée. Mais la petite héroïne qui nous fait faire le tour du propriétaire n’en a jamais eu la certitude, d’ailleurs, elle ne sait même pas à quoi ressemble un fantôme.
Elle évolue dans un décor photographié en sépia, qui effectivement reprend tous les codes iconographiques de la maison hantée : elle est grande, ancienne et isolée, on y trouve un escalier en bois qui craque très probablement et un lustre en cristal.
La fillette s’adresse directement au lecteur, et l’entraîne dans une visite complète, jusqu’au grenier, et tout son propos est axé sur les fantômes, qui demeurent invisibles pour elle.
Pourtant, nous les voyons distinctement, grâce à des pages de papier calques intercalées entre les photos.
Ainsi ils s’insèrent dans le décor, espiègles et facétieux, on peut les voir se cacher derrière un meuble, sous un lit, toujours dans le dos de la narratrice ou hors de portée de sa vue.
On les devine joueurs, ils nous adressent sourires et clins d’œil.
En instaurant une complicité entre les fantômes et le lecteur, l’auteur désamorce totalement le sujet de la peur, nous sommes en train de jouer un bon tour à l’héroïne, ce qui nous met à l’abri du frisson de peur.
D’ailleurs, à bien y réfléchir, je me demande si elle est bien humaine, cette étrange fillette qui semble vivre seule dans cette grande maison isolée. Seul élément en couleur sur les images, sa couleur verdâtre peut tout de même étonner… Tout comme sa vie recluse: elle précise dès le début de l’histoire qu’il y a fort longtemps qu’elle n’a pas eu de visite.
Chacun est libre de se faire son idée, quoi qu’il en soit, elle est comme les créatures qui peuplent sa maison plutôt attachante et peu effrayante.
Au final, même si cette maison est hantée sans le moindre doute, on se plaît à la visiter, dans une ambiance digne d’une soirée d’Halloween.
Une petite vidéo pour en voir un peu plus