Dessus dessous devant dedans, Fanny Pageaud, les grandes personnes, 2022, 20€
Quand un tout petit découvre un objet, il le fait avec tous ses sens, et son exploration se veut exhaustive. Il le tourne dans tous les sens, le secoue pour voir s’il produit du bruit, le respire, le goûte, le gratte. Il prend son temps et s’applique à expérimenter pour mieux saisir la forme, la matière et en tirer des conclusions sur l’usage (le livre d’ailleurs n’échappe pas à cet examen minutieux).
Fanny Pageaud est sans doute restée un peu enfant, quand elle s’intéresse à un jouet elle en fait le tour, le tourne et le retourne, observe toutes ses coutures. Puis elle nous livre ses découvertes sous la forme de dessins d’une extrême précision.
Ainsi elle nous montre neuf objets qui sont présents dans le quotidien de l’enfant sous ses différentes facettes: dessus, dessous, devant, dedans. Quatre prises de vues différentes, qui se déploient sur deux doubles pages. D’abord, en vis-à-vis le dessus et le dessous, l’image n’est généralement pas très lisible. Quelle est donc cette étrange forme ronde?
Puis en tournant la page, on le découvre de face, on l’identifie alors à coup sûr. On peut alors soulever le volet qui cache son intérieur, parfois étonnant. Enfin, l’objet est mis en situation, tel qu’on peut le voir lorsqu’un enfant joue avec, parfois en relation avec les objets précédents. Cette association rappelle la libre association à laquelle s’adonnent les enfants quand ils s’amusent, mélangeant allègrement le canard en plastique, le train de bois et le maracas par exemple.
On tente de deviner de quoi il s’agit, souvent on peine à la première lecture, puis on a plaisir à revenir en arrière pour mieux comprendre l’image.
Les illustrations sont réalisées aux crayons de couleur, elles sont impressionnantes de précision et de rigueur.
Enfin, l’album se termine par une mise en abîme savoureuse, qui ravira les enfants.