Le petit chapon rond rouge, Claude Marie, Vanessa Hié, motus, 2022, 13€90
Les trois œufs de Maman Poule ont donné deux filles et un garçon… Hors du commun.
« Un peu plus gros, un peu plus empoté, plus timide, plus fragile… » nous dit le texte.
Il subit immédiatement les moqueries de la basse cour et en particulier celles de Louise, la cruelle poule grise qui n’a de cesse de le rabaisser. Elle met toute la méchanceté du monde dans ses propos, stigmatisant le poussin et sa mère. C’est elle aussi qui a eu l’idée si méchante de le surnommer chapon rond rouge, pour mettre l’accent à la fois sur son embonpoint et sur sa tendance à rougir quand il est mal à l’aise.
Ah, ce don qu’ont parfois les personnes toxiques pour trouver le surnom qui fait mal.
Tant bien que mal, la poule tente de protéger son petit. Mais quand on annonce que le loup rôde dans les parages, face à la menace, le petit peuple des poules est prêt à tout pour se protéger.
Leur couardise les incite à désigner un sacrifié d’office, qui servira d’offrande au loup pour épargner les autres.
C’est naturellement celui qui est différent et semble incapable de se défendre qui est désigné. La nouvelle le laisse stupéfait et impuissant, tout comme sa mère.
Quand il s’éloigne de la ferme, tête baissée, il ne se doute pas qu’il y reviendra en héros, tête haute, ayant fait fuir le loup sans même avoir à le combattre.
Il y a une grande force dans cette histoire de harcèlement qui montre la cruauté nue mais aussi un personnage qui va tranquillement trouver en lui la force de résister sans devenir méchant à son tour, sans se battre, sans renier la profonde bonté qui est en lui. Le petit chapon rond rouge incarne tous les enfants différents et la méchante poule grise toutes les personnes malveillantes qu’ils peuvent rencontrer. Les illustrations de Vanessa Hié (déjà rencontrées dans l’album « Docteur rire ») sont sublimes et participent à la force du récit;
