Les gens de la plage, Maële Vincensini, Cédric Abt, Thierry Magnier, 2024, 18€50
Sur la plage de Ty Anquer, une baleine est échouée.
Les habitants du village veulent spontanément lui venir en aide, ils s’arment de pelles et de seaux.
Mais déjà une barrière est dressée devant la baleine, un policier s’interpose entre elle et les gens de la plage. Personne ne passe, c’est interdit.
Seuls les pompiers peuvent tenter quelque chose.
Consternation et impuissance du côté des villageois, qui regardent avec inquiétude les pompiers tenter maladroitement des soins peu appropriés.
Voilà qu’arrive une pirate. Elle fait figure d’autorité, sait sauver les baleines et l’a déjà prouvé. Elle fait jouer ses relations et obtient le droit de passer, mais se rend rapidement compte que seule elle n’y suffira pas.
Face à l’urgence, les gens de la plage décident finalement de passer outre les consignes et forcent le passage. Ils aident la pirate juste à temps, avant que la marée ne redescende.
Il y a quelque chose de très apaisant dans les grandes illustrations en pleine page, en particulier dans celle, en fin d’album, qui montre la baleine libre dans les eaux. On trouve aussi du réconfort dans la solidarité dont font preuve les villageois, le naturel avec lequel ils choisissent ce qui est juste plutôt que ce qui est légal.
Mais c’est tout de même la peine et la colère dominent tout au long de la lecture de cet album. Colère à l’idée des règles, aussi réelles qu’absurdes, qui imposent des barrière meurtrières. Peine à la pensée des naufragés qui ne reçoivent aucun secours.
Heureusement, les gens de la plage ont su s’unir, dépasser leur sentiment d’impuissance, se rebeller et agir. Car c’est bien de notre pouvoir d’agir que parle cet album. Heureusement, la littérature enfantine nous offre une vision de l’humanité plus optimiste que les nouvelles du monde. Heureusement, il reste un espoir et les valeurs telles que la solidarité ne sont pas encore totalement criminalisées. Heureusement, on a encore le droit de montrer que pour sauver ceux qui échouent sur nos plages (baleines ou personnes) il faut parfois braver l’autorité.
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