Au lit les chats, Barbara Castro Urio, saltimbanque, 13€90

Dès la couverture il y a une ouverture, petite, en bas de page, qui attire le regard. C’est la porte d’une maison, tracée au simple trait gris sur le blanc uni de la page.

Dedans, il n’y a d’abord que le chat rouge. De lui, on ne perçoit que la couleur, à travers une découpe carrée dans la page cartonnée.

Mais on sait qu’il est là, le texte nous l’affirme.

Alors on l’imagine, semblable au chat vert qu’on voit sur la page de droite, petite silhouette unie, aux yeux blancs qui ressortent dans le pelage coloré.

C’est ensuite un chat jaune qui se présente sur la page de droite, celle de gauche se perse alors d’un deuxième carré, vert bien sûr, comme une petite fenêtre dans la maison blanche.

En tout, ce sont douze chats qui vont arriver, chacun avec sa posture et sa couleur, puis s’installer dans la maison pour y dormir, suscitant une nouvelle découpe dans la page.

Douze petits carrés de couleurs égaillent alors la maison dans la quelle on pénètre enfin, pour souhaiter une bonne nuit aux chats, dont les yeux maintenant sont clos.

Comme les images, le texte est épuré, d’ailleurs les phrases ne s’achèvent pas par un point mais par un simple saut de ligne.

L’épaisseur et la très belle qualité du carton utilisé donnent envie de caresser cet album, la découpe nous invite à pénétrer à l’intérieur du livre comme elle invite les chats à rentrer dans la maison.

Bien sûr, cet album se prête parfaitement à la lecture du soir, à ou tout autre moment de la journée. Mais n’en faisons pas un livre « pour faire dormir » les bambins récalcitrants (et ne le résumons pas non plus à un livre pour apprendre les couleurs), d’une part parce que ça ne fonctionne pas, d’autres part parce que ce serait très réducteur. Et une bien piètre façon de voir la littérature enfantine.