Ici et là, Adeline Ruel, Minedition, 9€50

L’ours blanc est « ici ». Le pingouin « là ». Ils se font face mais la charnière de la page les sépare. Les deux seuls mots écrits sur la page disent la distance qu’il y a entre eux. Ici, ce n’est pas là, loin de là.

A la page suivante, les deux mots sont  « dedans » et « dehors ». C’est le pingouin, de l’extérieur, qui semble chercher à établir le contact, il fait un pas en direction de l’ours, dont le museau dépasse de l’igloo. Lui n’a pas d’abri, il est en demande.

En haut/en bas, dedans/dehors, chaque page expose une opposition, à la façon d’un imagier des contraires. Mais l’image raconte. Le pingouin cherche décidément la rencontre. L’ours veut le fuir, ou s’en protéger, il n’a manifestement pas l’intention de l’accueillir.

Face à face, côte à côte, nez à nez, petit à petit, le texte dit le rapprochement, l’amitié qui se noue.

Ici et là, Adeline Ruel, Minedition

Toujours en se contentant de quelques mots par page. Cette économie de moyen impose une grande rigueur dans la composition de l’image, car ici tout est narration. La place des personnages, leurs regards, la couleur dominante, les rares signes de ponctuation et l’emplacement du texte dans l’image. Tout contribue à donner du sens à ce récit de quelques mots.

Une belle réussite qui traite des thèmes multiples (amitié, écologie, rejet ou acceptation de l’autre, solitude, entre autre) avec une simplicité étonnante et très efficace.

Je vous conseille vivement d’aller voir sur le site de l’illustratrice, Les carnets d’Adeline, vous y trouverez des images du livre mais aussi des images du travail préalable, c’est toujours très intéressant d’apercevoir l’envers du décor.