La porte A4, Naomi Shihab Nye, Enzo, éditions D’eux, 18€
Dans l’aéroport, Naomi, la narratrice passe le temps en attendant l’heure de son vol quand une annonce demande un locuteur de langue arabe à la porte A4. C’est justement celle qu’elle devait prendre, elle s’y rend après un instant d’hésitation. Elle y découvre un agent de bord assez gauche, qui ne sait comment rassurer une vieille dame, vêtue d’une robe Palestinienne traditionnelle, qui ne le comprend pas. Alors que son vol est retardé elle a supposé qu’il était annulé et pleure, complètement désemparée.
Dans un arabe imparfait Naomi lui explique ce qu’il en est. Elles devaient prendre le même avion et poursuivent naturellement la discussion.
L’attente va durer plusieurs heures et les deux femmes vont sympathiser. D’abord, quelques coups de fil aux enfants de la dame, puis Naomi appelle les personnes de sa connaissance qui maîtrisent l’arabe: son père et ses amis poètes Palestiniens. Le téléphone passe de l’une à l’autre, elles rient, la conversation est de plus en plus chaleureuse et elles voient à peine le temps passer.
Le plaisir qu’elles éprouvent à cette rencontre semble communicatif, quand la dame sort des maamouls (de délicieux biscuits aux dattes) pour les distribuer à la ronde, toutes les passagères acceptent le présent avec plaisir.
La salle d’embarquement devient un espace de rencontre et de sororité, l’attente n’est plus une contrainte mais une opportunité de faire connaissance, une occasion de partage.
Une fois de plus, les éditions D’eux (qui, je le rappelle, sont canadiennes) me surprennent par la capacité de leurs auteurs à aborder simplement des sujets qui en France sont compliqués.
Montrer une femme qui porte le voile, valoriser la culture Palestinienne et la richesse du bilinguisme, ne pas s’offusquer que la dame offre ses gâteaux uniquement aux femmes présentes, toutes ces choses qui par ici peuvent faire grincer les fâcheux, j’ai eu plaisir à les lire dans cet album.
C’est un livre qui m’a donné le sourire et que j’aime beaucoup partager avec des enfants mais aussi avec des adultes. Car à tout âge on apprécie un monde de solidarité, de partage, où la différence est une richesse appréciable.
Claudette John
23 avril 2024 @ 7 h 03 min
Finalement tu as trouvé le mots qui donnent pour ce livre. Dommage que l’on ne l’aie pas eu au récent colloque de la BDP du 04 sur les stéréotypes de genre 😉