La nuit des émotions, Tina Oziewicz, Aleksandra Zajac, éditions la partie, 2024, 15€90
Nous retrouvons dans ici les allégories des émotions qui étaient déjà en scène dans deux précédents albums: Nous les émotions et La vie secrète des émotions.
Je reconnais être passée à côté des précédents, en raison de mon aversion pour ce sujet qui ne cesse d’être exploité en littérature enfantine, au point que j’ai atteint la saturation.
Pourtant, il faut avouer que ces petites créatures monochromes, poilues, aux yeux ronds comme des billes ont de quoi séduire. J’ai donc fini par aller voir de plus près et il faut avouer que cette série sort du lot.
Déjà on ne reste pas cantonnés aux cinq émotions habituellement présentés, ici elles sont une trentaine.
Bon, par contre, soyons honnêtes, on peut s’interroger sur le terme générique d’émotion quand parmi les personnages on trouve par exemple le bon sens, la mémoire ou encore l’imagination. Mais passons, on adhère, parce qu’on comprend qu’il s’agit de ce qui agite notre vie interne.
Chaque personnage est mis en scène dans une action qui permet de le comprendre plus qu’elle ne le définit formellement.
Quand par exemple le texte nous dit que la nostalgie s’immerge dans les profondeurs, ou que la mélancolie joue du violon, que cela est accompagné d’illustrations qui rendent sensible ce que ressentent les protagonistes, il n’est pas besoin de donner d’explication indigeste, l’enfant a tous les atouts en main pour éprouver ce que les autrices souhaitent décrire.
De ce point de vue l’album est une absolue réussite, il ne fait pas de leçon mais il est explicite.
Les créatures sont attachantes, sensibles, pleines de tendresses, et elles sont représentées avec grâce et délicatesse.
Il y a une vraie force évocatrices dans chaque image, chaque ligne de texte, c’est un beau travail.
On peut proposer cette série d’albums dès cinq ans, peut-être même avant avec des enfants habitués aux histoires, ils se laisseront porter par les sentiments même les plus complexes qui sont montrés.
Levine
20 mars 2024 @ 18 h 56 min
Oh comme je comprends votre méfiance envers les cinq émotions expliquées aux enfants comme du « prêt à l’emploi ». Merci pour vos analyses toujours pertinentes et qui nous ouvrent les portes du monde sans fin de la littérature enfantine.