je suis parfois un peu agacée par la saisonnalité de la littérature enfantine. Car après tout, qui a décrété que c’était en décembre qu’on avait envie de livres sur noël et en octobre de livres qui font peur?

Il me semble que cette saisonnalité relève plus d’une idée d’adulte que d’un besoin réel des enfants.

Pourtant, demandez à n’importe quel bibliothécaire jeunesse, il vous confirmera que les albums sur noël prennent la poussière dans la réserve toute l’année, où ils occupent une étagère entière, et qu’il n’y en a jamais assez pour répondre à la demande en novembre et décembre.

Je le regrette mais voilà, c’est un fait. C’est en ce moment que les livres sur noël sortent (en librairie) et aussi qu’ils sortent des bibliothèques (jargon de bibliothécaire pour dire qu’un livre est emprunté).

J’en conclu qu’il y a une demande et que c’est le moment idéal pour vous parler de trois livres sur noël, qui ont ce sujet pour seul point commun. ( Enfin, et leur qualité bien sûr, je ne chronique jamais des albums que je ne trouve pas bons)

Mon beau sapin de noël, David A. Carter, Gallimard, 2023, 24€90

Mon beau sapin de noël est un pop-up signé par un des maîtres du genre, David A. Carter. Si vous connaissez l’auteur, cela suffit à éveiller votre intérêt.

Chaque page montre un sapin qui s’élève sur une vingtaine de centimètres. Blanc comme neige ou coloré, habité par de nombreuses créatures ou épuré, tous créent l’émerveillement chez le petit lecteur (et ses parents).

Le texte est court et souligne les qualités de chaque arbre. Il se termine par ces mots: “Joyeux noël mon beau sapin”, ce qui peut motiver les plus motivés d’entre nous à prolonger l’histoire par une chanson, pour une ambiance 100% noëllesque (oui, ce mot existe, puisque je viens de l’écrire et que vous venez de le comprendre)

Comment le père noël descend par la cheminée? Mac Barnett, Jon Klassen, Pastel, 2023, 13€50

Avec ce second album on change radicalement de registre pour passer du côté de l’humour.

Car c’est bien gentil cette histoire de magie de noël mais parfois les enfants se posent des questions très terre à terre. Et les adultes galèrent pour inventer des réponses fantaisistes.

Ici, personne ne donne de réponse au narrateur invisible qui s’interroge. Il est donc contraint d’émettre des hypothèses lui-même. Peut-être que le père noël rétrécit? Qu’il se glisse sous la porte? Ou devient plat comme un timbre-poste? L’image montre un père noël archétypique, reconnaissable à son costume et sa barbe blanche, qui subit avec flegme toutes ces transformations. Le contraste entre sa placidité et les situations improbables dans les quelles il est représenté est savoureux.

C comme caché, Julia Frechette, les fourmis rouges, 2023, 15€

Ce que j’aime dans les abécédaires, comme dans les imagiers d’ailleurs, c’est qu’ils sont un terrain de jeu pour les illustrateurs qui peuvent y déployer leur talent et mettre en valeur leur univers.

Je ne connaissais pas Julia Frechette (dont c’est le premier album) et je suis très heureuse de la découvrir.

Dans C comme caché, les images se répondent pour créer des petites narrations. On suit un bonhomme en doudoune bleu dans ses pérégrinations en montagne, dans une ambiance hivernale, neige et sport d’hiver.

Ce n’est qu’au bout de quelques pages qu’on remarque le personnage caché dans chaque image. Un chapeau pointu, une tenue rouge et blanche. Les enfants auront tôt fait d’identifier le père noël et se plairont à le chercher.

Le jeu de cherche et trouve, l’humour des situations et l’élégance graphique, tous les ingrédients sont là pour que cet album plaise aux enfants. À mon avis on peut le proposer dès 2 ans sans souci, s’ils ne trouvent pas le père noël à la première lecture ils le repéreront les fois suivantes.