Pétoche le poussin froussard, Pierre Delye, Cécile Hudrisier, Didier JeunessePétoche le poussin froussard, Pierre Delye, Cécile Hudrisier, Didier Jeunesse, 2021, 13€10
C’est le chaos, c’est le bazar, disons-le tout net, c’est la fin du monde. Rien que ça. Dès le début de l’album, ça promet pour la suite.
Mais que s’est il donc passé ?
Tout a commencé par la chute d’une noisette. Pas de chance, elle est tombée (poc) pile poil sur la caboche de Pétoche, le poussin froussard. Aussitôt, il s’est mis à courir en tout sens en criant à la fin du monde. Cela alerte Licot, le coq, qui s’inquiète. Pétoche lui explique qu’il était en train de picorer quand, poc, un bout de ciel lui est tombé sur la tête.
La nouvelle lui semble assez incroyable mais puisqu’on lui dit, c’est sûrement vrai, il faut prévenir le roi.
Ils croisent d’autres naïfs, un dindon, une brebis, un cochon, qui tous se précipitent pour prévenir le roi, fonçant tête baissée dans la rumeur, participant à la faire enfler, jouant malgré eux sur l’émotion qu’elle suscite.
Si vous fréquentez un peu les réseaux sociaux, ce mécanisme vous dit probablement quelque chose. Une nouvelle qui fait peur, dont on ne sait pas d’où elle vient mais que l’on propage, c’est monnaie courante.
On identifie même le vocabulaire légèrement complotiste chez le cochon (qui d’ailleurs à l’image  mange de la charcuterie sans se poser de question, ce qui m’a bien fait rire) « Je le savais! Personne ne m’a rien dit, j’étais sûr qu’on me cachait quelque chose. Je viens avec vous »
Qui saura arrêter cette foule de crédules ?

Pétoche le poussin froussard, Pierre Delye, Cécile Hudrisier, Didier Jeunesse
Il faut bien un opportuniste, car si les fake news vont bon train c’est souvent qu’elles profitent à quelqu’un. Ici c’est le loup qui, pour une fois n’est ni stupide ni gentil. Il est au contraire malin, séducteur et sait utiliser la couardise des autres à son avantage.
Un vrai prédateur en somme, presque surpris de cette aubaine, un groupe de petites proies faciles se précipitant vers lui.
Il est rare que les albums se terminent mal.
C’est le cas pour cette histoire qui prend des allures de conte d’avertissement.

Mais souvenez-vous, dès le début le lecteur est prévu, on ne le prend pas en traître.

Si pour le lecteur adulte il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une métaphore sur la rumeur et la désinformation, pour les enfants c’est avant tout une histoire pleine d’humour, au ton enlevé, très dynamique. L’image est pleine de détails savoureux qui amuseront petits et grands. C’est d’ailleurs cette touche d’humour qui la rend acceptable par les enfants, malgré la fin funeste des protagonistes.
À éviter tout de même avant 4 ans à mon avis.