Pauline, une petite place pour moi, Anouk Mahiout, Marjolaine Perreten, l’apprimerie, 2021, 12€50
Pauline est l’aînée d’une famille qui compte trois enfants et bientôt un quatrième. Dans la maison, il y a également son père et sa mère. Cela en fait du monde.
Au point que parfois, elle aimerait bien trouver un coin rien qu’à elle, une petite place à laquelle personne d’autre n’aurait accès.
Ses copines trouvent que c’est une chance d’être la plus grande, parce que ça lui confère le droit de se coucher plus tard, d’avoir des vêtements neufs et qu’il y a plein de photos d’elle quand elle était bébé (aucun parent multipare ne peut le nier, ces reproches de cadets sont parfaitement fondés).
Mais Pauline constate surtout qu’elle ne sait pas où se mettre et parfois même qu’elle a du mal à comprendre clairement ce qu’on attend d’elle. Laisser à sa petite sœur assez d’autonomie. Mais en prendre soin tout de même. Ne pas entraver l’énergie débordante de son frère… Mais réparer ses éventuelles maladresses. C’est pour la fillette un exercice d’équilibre difficile, même si elle ne semble pas douter de la bienveillance de tous.
Alors quand elle dégotte un petit espace laissé libre, elle s’empresse de l’investir. C’est le placard sous l’escalier qui lui servira de refuge, mais elle n’y est pas reléguée tel Harry Potter. Non, elle s’y installe un espace douillet, propice à l’introspection.
Là, elle peut laisser libre court à ses rêveries, se laisser aller à la nostalgie du souvenir. Alors éclos en elle un fantasme de départ: Un jour, elle réunira ses affaires, et prendra le bateau, dont elle entend la sirène sur le fleuve non loin de là.
L’idée est agréable à caresser… Mais dans la réalité, bien des choses la retiennent à la maison, où finalement elle trouve toute sa place.
Dès les premières pages de cette bande dessinée on sent que le joyeux bazar qui s’en dégage est réaliste, peut-être bien autobiographique.
Pauline, une petite place pour moi, se présente comme une petite tranche de vie, mise en scène avec beaucoup de légèreté et d’humour. Le sujet est totalement dédramatisé, et nous sommes loin du livre “médicament”, qui viserait à aider l’enfant à surmonter une situation ou à lui prescrire un supposé bon comportement.
Il s’agit bien d’une histoire, très plaisante, à offrir aux enfants pour le divertissement qu’elle leur procurera.
Et, bien que l’album se termine par un définitif “Fin”, en lettres noires sur la dernière page, on se prend à espérer une suite prochainement.