S’il te plaît, dessine-moi une crèche
Auteur : Fanny Covelli
Editions : Philippe Duval
Prix : 13.50€
Pages : 139
« Vous dites : c’est fatiguant de fréquenter les enfants. Vous avez raison. Vous ajoutez : parce qu’il faut se mettre à leur niveau, se baisser, s’incliner, se courber, se faire petit. Là, vous avez tort. Ce n’est pas ce qui fatigue le plus. C’est plutôt le fait d’être obligé de s’élever jusqu’à la hauteur de leurs sentiments, de s’étirer, de s’allonger, de se hisser sur la pointe des pieds pour ne pas les blesser ». Janusz Korczak
Nous ne manquerons pas la référence à l’histoire que nous connaissons tous du Petit Prince. Fanny Covelli a basé tout son ouvrage sur ce thème : du carnet de vol à la destination crèche en passant par la conduite de l’équipage.
Educatrice spécialisée de formation, l’auteure a navigué dans de nombreux lieux : ASE, MECS, maison de retraite, missions humanitaires avant de mettre les pieds dans un établissement d’accueil de jeunes enfants. Son expérience variée lui a permis d’adapter ses compétences à ce lieu et d’y apporter une prise de recul.
Dans son introduction elle nous fait part de son arrivée dans « le monde de la petite enfance et dans l’associatif. Gestion bien spécifique, qu’elle qualifie de « trésor » et de « chance ». Elle y définit l’investissement des bénévoles au-delà de compétences techniques, avec des compétences de cœur et une profonde envie de servir. Elle est arrivée en douceur dans son équipe afin de mieux construite et y a vite rencontré des professionnels « de grandeur » mais épuisés, comme un « joli emballage sans cadeau à l’intérieur ». Elle estime l’EAJE comme lieu « opérant » en la qualité de son équipe professionnelle, de son éthique commune et de sa capacité à travailler ensemble.
Son carnet de vol est composé d’un ordre de mission, d’une petite planète aux grandes rencontres et d’une mission de s’apprivoiser et faire chemin ensemble.
Un ordre de mission exige un retour en arrière et un petit point historique de l’évolution du regard sur l’enfant et la famille, du désintérêt à la prise en compte du jeune enfant jusqu’au XVIIIe siècle, de la moralisation et l’éducation des mères au XIXe siècle à la fondation de la première « crèche » à Chaillot par Mr Firmin Marbeau. Puis la mise en place de la PMI et l’éclosion de mai 68 bouleversant les mœurs.
La petite enfance, une petite planète. Un petit monde plein de rencontres, rempli de « tout petits êtres ». Les professionnels de la petite enfance sont noyés de savoirs, de protocoles et sont devenus des « techniciens ». Fanny Covelli rappelle que notre outil premier est le regard, l’observation, qui a tendance à se perdre dans ces connaissances.
Des petits êtres, des bébés définis au sens familier par le Petit Larousse comme « l’enfant ou l’adulte qui manque de maturité et dont la conduite est puérile ». Le bébé serait donc incomplet et inachevé. Sont passées par là les découvertes des neurosciences et de psychologie, venant affirmer ce que toute personne observant le jeune enfant pensait très fort : le bébé est un être riche de développement et de compétences. Doté d’une grande sensorialité, de capacités exploratoires que nous ne retrouverons jamais plus et d’un cerveau tout entier disponible à l’apprentissage. Des aventuriers explorateurs multimodaux.
La place des familles a elle aussi connu une évolution, au début leur place était centrale dans les crèches puis le courant hygiéniste d’après-guerre a mis tout le monde dehors, puis 1968 est passé par là. Ce n’est qu’en 1983 avec la circulaire de Georgina Dufoix que la participation parentale dans la vie quotidienne des crèches est officialisée avec la notion de continuité dans la vie de l’enfant. Il faut attendre la fin du XXe siècle pour que les crèches deviennent des établissements d’accueil de jeunes enfants et avec le décret de 2000 le devoir d’apporter de l’aide aux parents puis avec le décret de 2010 de « contribuer à l’éducation de ces jeunes enfants ».
La notion d’accueil des familles est vaste, Laurence Rameau précise « il ne suffit pas d’ouvrir la porte, il faut aussi pouvoir se rencontrer et savoir établir de véritables relation éducatives ». Accueillir est « une fonction opérante, une attitude continue, une dynamique, une posture, une volonté ».
Nous avons vu plus haut que le cerveau du jeune enfant est prêt à la découverte mais un élément est fondamental dans son développement : un environnement de qualité. Ce sont les trois premières années que le cerveau se façonne, la période petite enfance est donc un espace-temps unique et primordial.
Qui dit environnement dit espaces de jeux en crèche, il est nécessaire de se pencher avec réflexion sur l’aménagement des espaces afin qu’il réponde au mieux aux besoins de ces petits explorateurs, loin de tout idée de « production ».
Bien connaître le développement du jeune enfant, y adapté son environnement, voilà deux fondamentaux. Auxquels s’ajoute l’accompagnement des familles, basé sur une relation de confiance. Accompagner c’est « être avec », « se joindre à quelqu’un pour aller où il va, en même temps que lui » selon Maela Paul. Il y a donc une notion d’espace et de temporalité. Ce passage est résumé ainsi « lorsque les hommes travaillent ensemble les montagnes se changent en or » (proverbe chinois).
La destination crèche… « Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c’est fatiguant, pour les enfants, de toujours et toujours leur donner des explications » Le Petit Prince.
Un trait d’union entre deux mondes, un espace à partager, un terrain de jeux et d’aventures, une terre où l’on cultive les liens. L’auteure cite quelques exemples concerts du « langage enfant », resitue l’évolution de l’autorité parentale et le trait d’union parents-professionnels. Fanny Covelli invite à la réflexion sur les bâtiments qui accueillent les enfants, les sections, les protocoles, les barrières… Et à l’obstacle principal que peut être notre regard et aussi celui de l’amnésie de notre petite enfance.
Le lien est « ce qui sert à maintenir ensemble, à attacher, à retenir. C’est aussi ce qui unit deux ou plusieurs personnes ». Larousse. Les EAJE sont des réceptacles de liens de la relation triangulaire parents/enfants/professionnels.
Pour terminer, l’auteur analyse la « conduite de l’équipage », avec notamment une description du rôle de direction (de Henry Fayol) : prévoir, organiser, commander, coordonner, contrôler. Elle y fait un parallèle avec le répertoire des métiers, sans en trouver de « mode d’emploi ».
Face à ce
Nous ne manquerons pas la référence à l’histoire que nous connaissons tous du Petit Prince. Fanny Covelli a basé tout son ouvrage sur ce thème : du carnet de vol à la destination crèche, à la conduite de l’équipage.
Educatrice spécialisée de formation, l’auteure a navigué dans de nombreux lieux : ASE, MECS, maison de retraite, missions humanitaires avant de mettre les pieds dans un établissement d’accueil de jeunes enfants. Son expérience variée lui a permis d’adapter ses compétences à ce lieu et d’y apporter une prise de recul.
Dans son introduction elle nous fait part de son arrivée dans « le monde de la petite enfance » e et dans l’associatif. Gestion bien spécifique, qu’elle qualifie de « trésor » et de « chance ». Elle y définit l’investissement des bénévoles au-delà de compétences techniques, avec des compétences de cœur et une profonde envie de servir. Elle est arrivée en douceur dans son équipe afin de mieux construite et y a vite rencontré des professionnels « de grandeur » mais épuisés, comme un « joli emballage sans cadeau à l’intérieur ». Elle estime l’EAJE comme lieu « opérant » en la qualité de son équipe professionnelle, de son éthique commune et de sa capacité à travailler ensemble.
Son carnet de vol est composé d’un ordre de mission, d’une petite planète aux grandes rencontres et d’une mission de s’apprivoiser et faire chemin ensemble.
Un ordre de mission exige un retour en arrière et un petit point historique de l’évolution du regard sur l’enfant et la famille, du désintérêt à la prise en compte du jeune enfant jusqu’au XVIIIe siècle, de la moralisation et l’éducation des mères au XIXe siècle à la fondation de la première « crèche » à Chaillot par Mr Firmin Marbeau. Puis la mise en place de la PMI et l’éclosion de mai 68 bouleversant les mœurs.
La petite enfance, une petite planète. Un petit monde plein de rencontres, rempli de « tout petits êtres ». Les professionnels de la petite enfance sont noyés de savoirs, de protocoles et sont devenus des « techniciens ». Fanny Covelli rappelle que notre outil premier est le regard, l’observation, qui a tendance à se perdre dans ces connaissances.
Des petits êtres, des bébés définis au sens familier par le Petit Larousse comme « l’enfant ou l’adulte qui manque de maturité et dont la conduite est puérile ». Le bébé serait donc incomplet et inachevé. Sont passées par là les découvertes des neurosciences et de psychologie, venant affirmer ce que toute personne observant le jeune enfant pensait très fort : le bébé est un être riche de développement et de compétences. Doté d’une grande sensorialité, de capacités exploratoires que nous ne retrouverons jamais plus et d’un cerveau tout entier disponible à l’apprentissage. Des aventuriers explorateurs multimodaux.
La place des familles a elle aussi connu une évolution, au début leur place était centrale dans les crèches puis le courant hygiéniste d’après-guerre a mis tout le monde dehors, puis 1968 est passé par là. Ce n’est qu’en 1983 avec la circulaire de Georgina Dufoix que la participation parentale dans la vie quotidienne des crèches est officialisée avec la notion de continuité dans la vie de l’enfant. Il faut attendre la fin du XXe siècle pour que les crèches deviennent des établissements d’accueil de jeunes enfants et avec le décret de 2000 le devoir d’apporter de l’aide aux parents puis avec le décret de 2010 de « contribuer à l’éducation de ces jeunes enfants ».
La notion d’accueil des familles est vaste, Laurence Rameau précise « il ne suffit pas d’ouvrir la porte, il faut aussi pouvoir se rencontrer et savoir établir de véritables relation éducatives ». Accueillir est « une fonction opérante, une attitude continue, une dynamique, une posture, une volonté ».
Nous avons vu plus haut que le cerveau du jeune enfant est prêt à la découverte mais un élément est fondamental dans son développement : un environnement de qualité. Ce sont les trois premières années que le cerveau se façonne, la période petite enfance est donc un espace-temps unique et primordial.
Qui dit environnement dit espaces de jeux en crèche, il est nécessaire de se pencher avec réflexion sur l’aménagement des espaces afin qu’il réponde au mieux aux besoins de ces petits explorateurs, loin de tout idée de « production ».
Bien connaître le développement du jeune enfant, y adapté son environnement, voilà deux fondamentaux. Auxquels s’ajoute l’accompagnement des familles, basé sur une relation de confiance. Accompagner c’est « être avec », « se joindre à quelqu’un pour aller où il va, en même temps que lui » selon Maela Paul. Il y a donc une notion d’espace et de temporalité. Ce passage est résumé ainsi « lorsque les hommes travaillent ensemble les montagnes se changent en or » (proverbe chinois).
La destination crèche… « Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c’est fatiguant, pour les enfants, de toujours et toujours leur donner des explications » Le Petit Prince.
Un trait d’union entre deux mondes, un espace à partager, un terrain de jeux et d’aventures, une terre où l’on cultive les liens. L’auteure cite quelques exemples concerts du « langage enfant », resitue l’évolution de l’autorité parentale et le trait d’union parents-professionnels. Fanny Covelli invite à la réflexion sur les bâtiments qui accueillent les enfants, les sections, les protocoles, les barrières… Et à l’obstacle principal que peut être notre regard et aussi celui de l’amnésie de notre petite enfance.
Le lien est « ce qui sert à maintenir ensemble, à attacher, à retenir. C’est aussi ce qui unit deux ou plusieurs personnes ». Larousse. Les EAJE sont des réceptacles de liens de la relation triangulaire parents/enfants/professionnels.
Pour terminer, l’auteur analyse la « conduite de l’équipage », avec notamment une description du rôle de direction (de Henry Fayol) : prévoir, organiser, commander, coordonner, contrôler. Elle y fait un parallèle avec le répertoire des métiers, sans en trouver de « mode d’emploi ».
Face à ce désert, elle nous délivre sa propre vision de la fonction d’un responsable d’EAJE, qui fera écho à plus d’un. Avec en conclusion « tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé ».