Tout autour, Ilya Green, Didier Jeunesse, 20€

“J’étais le centre du monde et la mère était là”. Cette évidence, c’est l’essence de l’enfance. Cet album débute par le temps de l’insouciance, une enfance douce, en harmonie avec la nature, dans laquelle on sent une grande sécurité affective et un lien très fort avec la mère. Une relation à la fois heureuse et fusionnelle (d’ailleurs il n’y a pas de père pour s’immiscer entre la mère et la fillette).

Une chose, tout de même, peut d’ores et déjà étonner le lecteur: des images sur fond noir qui s’intercalent dans l’histoire.

Puis les choses se gâtent. Survient la maladie de la mère (présentée de façon métaphorique) et sa disparition. Le sentiment d’impuissance de l’enfant et le chagrin infini.

Suivent une longue période de deuil puis une rencontre qui aidera l’enfant à s’ancrer de nouveau dans la vie.

Les images d’Ilya Green, qui sont toujours magnifiques, se déploient ici sur un grand format à l’italienne, au papier épais, elles sont même rehaussées d’or sur la couverture.

On prend un grand plaisir à feuilleter le livre, à le toucher. La rondeur enfantine des visages, la tendresse des regards, la nature luxuriante, chaleureuse, lumineuse, tout dans l’image rassure le jeune lecteur, lui permet de poursuivre sereinement la lecture même dans les moments les plus difficiles pour la jeune héroïne.

L’intimité offerte ici par Ilya Green rend cet album très touchant.

Mais je crois que c’est aussi à cause de cette grande part d’intime que je ne suis pas totalement à l’aise avec cet album. Le texte, pourtant poétique et métaphorique, ne m’a pas emportée. Si j’ai plongé avec délice dans les images, je suis en revanche restée en périphérie de l’histoire, c’est de loin que j’ai accompagnée cette fillette (qui pourtant parle à la première personne) sur son chemin de deuil. Je me suis même surprise à le lire à voix haute tout en pensant à un autre album d’Ilya Green, Mon arbre, auquel il fait clairement écho (et qu’il éclaire d’un jour nouveau)

Les enfants à qui j’ai lu cet album, eux, sont tous allés jusqu’au bout de l’histoire, preuve qu’ils ont adhéré, sans quoi ils ne se seraient pas embarrassés de politesse, ils auraient fermé le livre pour passer à autre chose (oui, ils ont le droit et ils le savent).

Un album lu aussi par Pépita et L’atelier des merveilles.