La reine des truites, Sandrine Bonini, Alice Bohl, grasset jeunesse 15€20

Suzie et son petit frère Ismaël (Is, pour les intimes)  s’amusent bien ensemble, dans la campagne. Elle a pensé à apporter le goûter, et le livre d’images d’Ismaël. Tout va bien, vraiment vraiment, aucun problème.

Alors pourquoi le petit insiste-t-il comme ça pour aller à la rivière? Il sait pourtant bien que ce n’est pas possible. Suzie aimerait bien qu’il passe à autre chose mais il y revient sans cesse, il a chaud, il veut se baigner. Seulement voilà, à la rivière, il y a les autres. Et les autres ne sont pas d’accord pour laisser les enfants se baigner. C’est comme ça. Is à l’insouciance des jeunes enfants, il se voit déjà barbotant. Et puis il est prêt à passer par le chemin des orties pour ne pas être vu, et puis il promet qu’il ne pleurera pas du tout du tout, même s’il se pique, alors, hein, ils peuvent bien y aller, les autres ne les repéreront pas.

Suzie finit par céder et les voilà en route. Mais bientôt, les autres surgissent. Trois enfants, qui portent des couronnes de feuilles et des branches en guise de lance. Leur attitude de guerriers tribaux est tout de même démentie par le sourire sur le visage du plus petit. Ils décident d’escorter nos deux héros jusqu’à la reine des truites, qui interdit à quiconque de se baigner. Is retient ses larmes mais devant la fillette couronnée il ne peut pas s’empêcher d’argumenter. Bientôt, le jeu prend le dessus et l’autorité de la reine est contestée par ses petits soldats. Dépouillés de leurs armures de feuille, les enfants forment désormais une seule petite bande dans la quelle chacun trouve sa place, ensemble ils se baignent joyeusement et on comprend pourquoi la petite Flora avait pris la posture d’une reine pour éviter la baignade.

Le texte, entièrement dialogué, a la saveur de l’enfance. Les personnages sont justes, nuancés et touchants.

Les images, tour à tour en vignettes et en aquarelle pleine page, nous transportent dans la chaleur d’un été du sud de la France. Quand je le lis, j’entends les cigales des vacances dans les Cévennes de mon enfance.