Quel bazar! Christian Voltz, Rouergue, 11€
isbn: 978-2-8126-0695-3
Un petit escargot, expressif comme peuvent l’être les personnages de bric-et-de-broc de Christian Voltz ouvre le livre. Il part de la page de gauche et s’élance en direction de celle de droite: “C’est parti mon kiki”. Il file comme… Ben, comme un escargot, c’est à dire qu’il va prendre tout le temps de l’album pour parvenir à son but. Mais il fonce, cornes en avant et son enthousiasme compense largement son manque de vélocité.
Pendant ce temps un bout de bois, poc poc poc, bondit de gauche à droite. Suivit par une longue tige, tig tig tig, puis par deux ronds qui se pressent. Ils vont drôlement vite ceux là, et ils ont tôt fait de précéder notre gastéropode. Pourtant, il à bien progressé, et lorsqu’il arrive à la charnière du livre le cadrage change, la couleur de la page de droite déborde. Bouts de ficelle, vieille balle, feuilles d’arbres, tous les petits objets improbables qu’on trouve généralement au fond des poches de nos bambins se pressent pour s’installer. Quel bazar! Vraiment? Tout cela prend forme soudain et on comprend au dernier moment que la course de l’escargot avait un but et qu’il arrive juste à temps.
Comme dirait Raymond Devos: “une fois rien, c’est rien, deux fois rien, c’est rien, mais trois fois rien, c’est déjà quelque chose”.
Cet album fait encore une fois la preuve qu’entre les mains d’un Christian Voltz, trois fois rien c’est toujours un peu magique et surprenant. On pense à la lecture de ce livre à celui de Ponti Au fond du jardin et c’est avec plaisir qu’on retrouve le même principe dans un univers graphique totalement différent.
Les tout petits lecteurs à qui je l’ai montré (les moins de deux ans) gloussent de plaisir d’entendre les onomatopées et se réjouissent de reconnaître soudain une forme très familière, peut être le premier dessin que les nourrissons sont capables d’identifier.