Mon imagier après la tempête Eric Veillé Actes sud junior 12€50

isbn: 978-2-330-03470-2

Sur les pages de gauche, nous avons affaire à un imagier thématique tout ce qu’il y a de plus classique. Une page sur la nourriture avec du pain, une pomme, un fromage etc, une autre sur la plage, avec un sceau un parasol, un toboggan et ainsi de suite.
Mais la page de droite montre le même imagier après qu’il ait été bouleversé par un événement. Après la tempête, le sceau est devenu une flaque, le toboggan  est renversé et le parasol est envolé.

Mais Eric Veillé ne s’est pas contenté de répéter le même mécanisme à chaque page, il introduit des petites surprises, des clins d’œil, des décalages savoureux (et parfois un peu subversifs) à chaque page. C’est ainsi que le bateau à voiles devient bateau à poil quand le vent à emporté la serviette à fleurs qui recouvrait la nudité du personnage, en même temps que la voile.

Après la cantine le pain est devenu miettes, la pomme trognon mais la purée d’épinard n’a pas bougé.

Le récit se fait donc quand on passe d’une page à l’autre. C’est dans ce furtif mouvement de l’œil qu’on comprend l’histoire, qu’on construit le sens des images. Et cette histoire, chaque enfant qui écoute l’album la construit comme il l’entend. Par exemple, sur cette double page où l’on voit d’abord un une maman (dont le texte ne précise pas qu’elle est enceinte, c’est la lecture de l’image qui nous le dit), un papa et un enfant alors que sur la page d’en face, après la naissance, on peut voir une accumulation d’objets destinés aux bébés et en bas de page l’enfant devenu grand frère. Chacun peut tout de suite imaginer le grand bouleversement que représente l’arrivée d’un bébé dans la famille. Mais certains pointeront tout de suite le bébé, au centre de la page, alors que d’autres vont plutôt s’attarder sur le grand frère. D’autre encore seront frappés par ce qui n’est pas montré: les parents ont disparu de l’image.

Ce qu’il y a de bien, quand les livres ne donnent pas toute les réponses, c’est qu’ils laissent la place à l’imaginaire et à l’intelligence de l’enfant. Comme il est bon de bousculer les codes et de tout miser sur l’amusement, plutôt que sur la pédagogie comme c’est trop souvent le cas dans les imagiers.

Le seul reproche que je peux adresser à cet album c’est qu’il est un peu long… Pour les adultes surtout.