Crocs, Terkel Risbjerg, Thierry Magnier, tête de lard
Si la couverture nous montre une petite souris, triomphante, qui semble avoir terrassé un crocodile beaucoup plus gros qu’elle, à l’intérieur du livre on la trouve en bien plus mauvaise posture.
Elle galope, petite silhouette fragile, sur la page de droite tandis que le prédateur, tout crocs dehors, pose sur elle un œil menaçant. Mais on voit déjà qu’elle est dotée d’un certain bagout. “Aaaaaah! Je donnerais bien tout mon parmesan pour qu’il oublie sa faim celui là.
Elle est suffisamment futée pour comprendre qu’à la course, le croco est donné vainqueur à dix contre un. Changement de technique, donc. Elle va se battre avec une arme qu’elle maîtrise: sa verve. Elle arrête net le croco et entreprend de lui décrire, avec détails, son arbre généalogique.
Avec emphase, elle invente une mère sorcière adepte de la magie noire, un dragon de compagnie, un cousin géant. Si le récit se voulait d’abord menaçant, on glisse petit à petit vers une version des contes des milles et une nuits et la souris, légèrement cabotine, se prend au jeu. Elle met tant de conviction dans son histoire qu’elle ne perçoit pas que son interlocuteur est parti dans les bras de Morphée.
Mais notre petite souris ne serait-elle pas quelque peu orgueilleuse? Si ses qualités d’oratrice lui ont sauvé la mise, ce petit défaut risque bien de causer sa perte.
Un album apprécié aussi chez Kik.