L’orage, Elena Del Vento, MeMo, 2021, 14€
Les onomatopées se succèdent. On identifie le tonnerre, le vent, la pluie.
Tic, plic, plic, plic, elle est d’abord douce, avant de devenir furie, de produire des sons qui traversent l’atmosphère brutalement.
Un éclair fend la page.
Le bruit résonne, se répète en échos, semble rebondir.
Pour accompagner cette symphonie naturelle, Elena del Vento fait des propositions graphiques, qui ambitionnent de traduire les sensations produites par l’audition. Des images granuleuses, hypnotiques, qui se répètent et se répondent.
Ensemble, texte et image murmurent, crépitent, vrombissent et presque assourdissent. Tempête et accalmie s’alternent, l’orage s’écrit et se dessine à la fois.
C’est donc un album proche de l’art abstrait, qui peut tout autant dérouter et émerveiller (les deux à la fois parfois).
C’est assez timidement que je l’ai glissé dans mon sac de travail, attendant de voir si les enfants allaient le choisir.
En ce moment, les séances de lectures se font rares, heureusement il y a les bibliothèques hors les murs, qui m’ont donné l’occasion de tester cet album sur le terrain.
Sur le tapis de livres dans le square, cet album au format modeste est passé inaperçu, ce dont je ne suis pas surprise.
Alors je m’en suis saisie pour aller vers un bébé de quelques mois, installé dans sa poussette. J’ai commencé la lecture sous le regard d’abord amusé de sa mère. Elle a rapidement été surprise par les réactions très vives et joyeuses de son bébé. Mains tendues en avant, bouche ouverte comme pour dévorer le livre et yeux écarquillés, il manifestait un plaisir évident.
L’autrice a pensé ce livre dans le cadre d’un travail en direction des enfants sourds et malentendants. Elle réussit le pari de donner à voir l’invisible, de représenter le son. Ce faisant elle propose des sonorités susceptibles de chatouiller l’oreille des plus jeunes.
Un album à découvrir, qui je pense peut donner lieux à des lectures surprenantes.