Au deuxième étage, JonArno Lawson, Qin Leng, éditions d’eux, 2023,

Une des spécificités des albums sans texte, c’est qu’ils gardent parfois une part de leur mystère.

On est obligé de faire des suppositions, nos hypothèses se fondent sur notre propre histoire et nos représentations, l’histoire peut être comprise différemment selon chaque lecteur.

C’est particulièrement le cas avec Au deuxième étage, qui, si j’en crois les quelques critiques que j’ai lu à son propos, donne lieu à des interprétations variées.

Je vous en livre donc ma lecture personnelle, mais je vous invite vivement à vous faire votre propre idée.

Tout commence avec une fillette plutôt solaire, toujours en mouvement, grand sourire aux lèvres et l’adulte qui l’accompagne, plutôt acariâtre.

On y voit plutôt une personne âgée, mais difficile de dire s’il s’agit d’un homme ou d’une femme. Nous dirons donc qu’il s’agit de son aïeul, histoire de désigner facilement cette personne.

Ils habitent manifestement ensemble, un logement au-dessus de leur petit commerce, dans un immeuble plutôt délabré dans lequel il y a un appartement vaquant.

Plusieurs personnes se présentent pour le louer mais renoncent devant l’ampleur des travaux.

Jusqu’à ce que la situation s’inverse. Un couple se présente mais manifestement l’aïeul ne veut pas leur louer. Pourquoi? C’est là que les interprétations divergent le plus. J’ai lu qu’il s’agissait d’un couple de femmes. C’est bien possible, mais vraiment pas frappant, si tel était le propos des auteurs il serait vraiment caché. Difficile en effet d’affirmer que cette personne aux cheveux courts, portant jean et chemise ample est une femme.

Ce que l’on remarque par contre sans le moindre doute, c’est que le couple est composé d’une personne blanche et d’une personne noire.

On comprend donc que ce couple est victime de discrimination, et au fond peu importe qu’il s’agisse de racisme ou d’homophobie, le propos est le même.

Quoi qu’il en soit, la fillette, beaucoup plus ouverte que son aïeul, insiste pour que l’appartement leur soit loué et petit à petit va faire en sorte que tout le monde sympathise dans l’appartement désormais rénové par le jeune coupe.

Et même le (la?) vieux réac finit par se mettre à sourire, enfin débarrassé de ses préjugés.

Quelle que soit l’interprétation que l’on en fait il s’agit donc de prôner l’ouverture aux autres, la rencontre et le vivre ensemble face à la peur de l’inconnu.

La démonstration est faite en finesse et met en avant la personnalité de la fillette qui est très active dans la résolution du problème.

J’adhère donc sans la moindre réserve à ce joli album tout en image. (si vous cherchez des pistes d’utilisation des livres sans texte, rendez-vous ici)