Aujourd’hui je suis… Mies Van Hout, Minedition, 14€

Depuis sa sortie en 2011, cet album s’est imposé dans les structures petite enfance comme une référence pour aborder les émotions avec les petits (sujet à la mode s’il en est!)

On y voit une galerie de portraits de poissons qui expriment, par un mot, leur humeur du moment.

Les images, à la craie ou au pastel sur fond noir, évoquent des dessins d’enfant sur un tableau à l’ancienne.

La forme semble donc simple mais chaque émotion est évoquée de multiples façons dans l’album.

Par le texte d’abord, bien entendu, par l’expression du poisson ensuite mais aussi par le choix de la typographie, la couleur de fond de la page de texte (en vis-à-vis de chaque page d’image), la place du poisson dans la page ou encore le sens dans lequel il est tourné.

Tout cela forme un tout cohérent, parfois drôle, souvent touchant, toujours esthétique, dans lequel l’émotion énoncée prend sens.
Nous autres, adultes, nous attendons bien des choses de la littérature enfantine.
Ces derniers temps, il y a une demande très fortes des professionnels pour des livres qui « parlent des émotions ».

Bon.
Moi, j’ai quand même tendance à penser que tous les livres le font mais admettons. Certains appuient plus que d’autres sur cet aspect, allons-y, proposons les aux enfants.
Mais, s’il vous plaît, n’utilisez pas les livres comme un quelconque outil pour « faire parler » les enfants, pour « les aider à exprimer leurs émotions », pour les aider à « se contrôler ». Les livres ne sont pas  là pour ça. Et c’est souvent contre productif, si on cherche à faire aimer les livres aux enfants. Quand je lis Aujourd’hui je suis… à un enfant, jamais je ne me permets de lui demander comment il se sent lui, à ce moment là. Jamais je n’en profite pour lui dire comment il devrait être. Parfois les bambins le font spontanément, tant mieux. Mais s’ils ont envie de garder ça pour eux, c’est leur droit. Les sentiments des enfants relèvent de leur intimité.

Nous, adultes, nous avons là dedans le rôle d’intermédiaire, nous leur offrons des lectures, parce que, ne sachant pas lire, ils ont besoin de nous pour y accéder. Ce qu’ils en font ne nous regarde pas. Faisons leur confiance, ils savent parfaitement exploiter ces moments de lecture pour faire fonctionner leur cerveau, qui ne demande que ça.

Les lectures que nous faisons aux enfants devraient toujours être données sans contrepartie.

Je sais que mon point de vue est minoritaire chez les professionnels de la petite enfance, n’hésitez pas à me faire part du vôtre en commentaire.

Un album apprécié aussi par pépita