La visite, Louison Nielman, Jean-Claude Alphen, d’Eux, 2022, 17€
Paul est un humain, adulte manifestement, qui se promène dans la forêt. Quand il tombe sur un ours gigantesque, il est effrayé. Le face à face, lui sur la page de gauche, l’ours sur celle de droite, le montre bien petit devant la silhouette imposante, massive et sombre de l’animal.
Il s’éloigne rapidement, mais l’ours se trompe sur ses intentions, il pense qu’il s’agit d’un jeu et le suit. Quand ils arrivent en ville, la présence de l’animal qui dépasse les maisons fait peur à tout le monde et personne n’ose sortir.
Lui est toujours persuadé qu’il s’agit d’un jeu et il cherche son nouveau camarade.
Tout au long de l’album, le point de vue et l’ours et celui de l’homme sont exprimés alternativement par le texte. Mais comme ils ne parlent pas la même langue, le malentendu perdure un moment.
Comment se rencontrer vraiment, créer une amitié quand on est à ce point différent?
Il faut dépasser sa peur de l’inconnu, tenter de se faire comprendre et faire preuve de générosité. Observer l’autre, agir comme lui, faire des hypothèses.
Viennent ensuite le temps de la séparation, puis celui des retrouvailles.
Le dessin est très sobre, avec peu de couleurs. Le texte se garde bien de toute fioriture également. Mais les sentiments sont finement exprimés par l’un comme par l’autre.
La visite de l’ours à l’humain ou celle de Paul au tardigrade vont permettre qu’entre eux naisse une amitié solide.
C’est un album d’une grande force qui montre très simplement une évidence: il faut rester ouvert à la différence, ce serait dommage de passer à côté d’une amitié à cause de nos préjugés sur les autres.