Un lien plus fort que tout, Inbal Leitner, Bayard, 2022, 10€90
Le déménagement est prêt. La valise sera lourde à porter, elle contient tout ce dont la petite narratrice aura besoin dans sa nouvelle maison. Bientôt elle prendra l’avion pour aller bien loin, là où les lacs gèlent en hiver.
Mais avant de partir, elle rend visite à sa grand-mère, qui restera ici, au chaud dans son atelier de couture.
Elle explique à sa petite fille qu’il ne faut pas s’inquiéter de cette séparation, un lien plus fort que tout les unit.
Pendant qu’elle parle, l’image la montre affairée à couper, épingler, coudre.
Alors que l’enfant évoque une carte routière qui permettrait à son aïeule de la retrouver au loin, l’illustration en échos montre le patron de couture qui va servir de modèle.
Deux narrations se répondent, le texte qui donne à entendre l’inquiétude de la petite et l’image qui montre la sérénité de sa grand-mère. Elle sait créer et maintenir du lien à distance, aussi sûrement qu’elle sait coudre solidement un bouton ou assembler un vêtement.
Au fil des pages, on la voit confectionner un manteau bien chaud, quand les lacs seront gelés, la fillette sera enveloppée de toute la chaleur offerte par sa grand-mère.
C’est un peu triste, mais c’est doux, très doux, cette histoire de filiation. Le rapport entre le texte et l’image permet de penser la nuance des sentiments. L’ambivalence qu’il y a sans doute dans tout départ.
Plus qu’une histoire de séparation ou de déménagement, il est ici question de liens, de confiance mutuelle.
L’illustration est très chaleureuse, elle joue sur les effets de matières, où l’on reconnaît parfois la trame du tissus, comme pour renforcer l’idée du fil conducteur, du lien. De nombreux symboles contribuent aussi à renforcer cette idée, a commencer par la bobine qui se déroule d’une page à l’autre mais aussi l’avion fabriqué par l’enfant, l’aimant avec lequel elle joue.