Chichi Poilu, Lenia Major, Caroline Ayrault, Maison Eliza, 14€50
C’est l’histoire d’Achille, un jeune lion que sa maman à surnommé Chichi poilu dans sa tendre enfance.
Mais voilà, Achille est sorti de l’enfance, il est maintenant un gros lion, à la crinière impressionnante et au rugissement furieux. Et avec ses attributs sont aussi arrivées les responsabilités. Achille est devenu le roi de sa savane. Il a la carrure et la prestance nécessaire pour l’emploi. Une seule chose cloche. Le surnom. Hors sa mère, pleine de bonne volonté mais fort distraite semble-t-il, n’a de cesse d’appeler son fiston chichi poilu au plus mauvais moment. En pleine négociation avec Boris, l’ours roi de Sibérie par exemple (et voilà le programme “glaçons pour vos mares contre aigrettes de grues pour nos fourrures” remis en cause en raison de l’irrésistible fou-rire de Boris)
Il est bien patient, Achille. Et sa mère sans cesse promet qu’on ne l’y reprendra plus. Mais les incidents se multiplient et il finit par exploser de colère et il bannit sa mère pourtant bien aimée.
C’est que pour être respecté, on se doit de maintenir une certaine image de soi, voyez-vous. Mais est-il vraiment le seul, parmi les grands de ce monde, à être affublé d’un surnom ridicule?
Pour grandir faut-il absolument perdre une partie de soi, la partie la plus fragile, intime, ici symbolisée par le surnom? Faut-il se détacher de la figure maternelle? Doit-on absolument renvoyer aux autres une image de soi confiante et forte?
Avec un texte léger et un ton humoristique, ce sont toutes ces questions qui peuvent être soulevées par la lecture de cet album.
Et puis, il faut l’avouer, le surnom issu de la petite enfance qui colle à la peau, ça peut être casse-pied quand même.
Encore un très bel album à la réalisation impeccable qui met en valeur les illustrations à l’aquarelle aux couleurs chatoyantes de Caroline Ayrault.