Mon oiseau Christian Demilly, Marlène Astrie, Grasset jeunesse
En faisant le portrait de “son” oiseau, le narrateur montre surtout la relation d’amitié qui les unit. Les illustrations, belles et délicates, sont centrées sur l’oiseau montré dans son environnement. Mais il se définit en partie par son rapport à l’autre: “Parfois, mon oiseau est triste, mais ce n’est jamais pour longtemps, parce qu’il sait que ça me rendrait triste et ça, mon oiseau n’aime pas”.
L’oiseau a été recueillit alors qu’il s’était blessé. Le narrateur (un enfant probablement, mais le doute subsiste) a pris soin de lui. Mais il n’a jamais été question d’une cage ni d’être son maître. “Je ne sais pas s’il avait besoin de moi ou de manger, mais ce n’est pas tellement important, c’est pareil”.
La relation se construit et évolue, entre dépendance et liberté. De l’animal blessé à celui qui, un jour sans doute, prendra son envol.
Elle peut se lire de plusieurs façons. Au premier degrés c’est un enfant et son animal. Mais dans l’attention respectueuse du narrateur on peut aussi voir une figure parentale. Après tout, il a adopté et vu grandir l’oiseau. Il l’a soigné et nourrit.
Il est frappant de constater que le personnage humain n’apparaît presque pas dans les images.
Des petits pieds et des mains qui dépassent d’un livre à une page, sa silhouette, de dos, sur une autre. Il s’efface et met l’autre en valeur.
C’est d’ailleurs quand on le voit que la relation s’inverse: on entrevoit qu’il ne s’agit pas uniquement pour l’oiseau d’être protégé et cajolé, il peut aussi être celui qui écoute et donne des repères. L’oiseau est considéré comme un véritable sujet, dont la volonté est prise en compte. Il existe une saine symétrie dans leur amitié, puisque des sentiments attribués à l’oiseau sont ensuite repris à son compte par le narrateur. Une bien jolie façon d’être ensemble dans un album qui incite à la réflexion.
Un album apprécié aussi par Pépita.