Image de la couverture de l'étranger, Chris Van Allsburg

L’étranger, Chris Van Allsburg, éditions d’Eux, 2022, 18€
Le fermier Bailey roulait fenêtres ouvertes, sifflotant avec insouciance dans l’air encore chaud de l’été finissant, quand il a percuté l’homme.

Inquiet, il ramène l’inconnu chez lui et fait venir un docteur.
Le blessé ne dit pas un mot, il semble avoir perdu la mémoire.

L’image ne montre d’abord pas l’étranger, ce qui contribue à le rendre mystérieux, inquiétant même. Qui est cet homme que l’on n’a jamais vu dans le voisinage, étrangement vêtu, qui ne parle pas?
Pourtant, il est rapidement adopté par la famille Bailey. La journée il travaille dur, le soir il aime observer les oiseaux, en compagnie de Katy, la fillette de la famille.
Il entretient manifestement un lien particulier avec la nature. C’est bizarre, en sa compagnie les jours passent mais le temps ne change pas. À la ferme, les feuilles des arbres restent vertes. Où est donc passé l’automne?

L'étranger et le fermier Bailey chargent la charette

Il se dégage souvent dans les albums de Chris Van Allsburg (Jumanji, Boréal express) une atmosphère douce nimbée de mystère. Ce sont des ouvrages qui laissent beaucoup de place au doute et à la nuance des sentiments.

Les images, réalisées aux crayons de couleurs, sont d’une extrême précision. Elles montrent le bonheur de la famille en compagnie de l’étranger, la générosité de la nature, la beauté des paysages.

Alors que souvent les visages des personnages sont dissimulés, celui de l’étranger est à deux reprises montré de face, avec un regard particulièrement évocateur.

Outre la prouesse graphique, j’apprécie dans cet album la subtilité de l’histoire, qui nous invite à accueillir l’autre avec son étrangeté et non malgré elle.

paysage en plan large où l'étranger et le fermier ramassent le foin dans une nature aux tons ocres