L'épouvantail au coeur de paille couvertureL’épouvantail au cœur de paille, Beth Ferry, The Fan Brothers, Little urban, 13€50

Il est seul l’épouvantail. Il fait peur, c’est même son boulot. Bien droit, au milieu du champ, au fil des saisons, il éloigne les animaux. Son sourire cousu à gros points sur la toile de jute qui lui sert de visage semble immuable. Il est droit comme un piquet, et pour cause! Le regard toujours porté vers l’horizon, il est d’une parfaite immobilité. Jusqu’au jour où un jeune corbeau tombe à ses pieds. Voilà que le mannequin s’anime, fait craquer le piquet qui lui sert de colonne vertébrale, pour prendre l’oiseau dans ses mains de pailles. Il pose sur le corvidé un regard tendre, qu’on ne lui connaissait pas.

Il prend soin de son protégé mais le temps, impitoyable, continue à passer, alors les saisons défilent et bientôt arrive le moment pour l’oiseau de partir.

l'épouvantail au coeur de paille sous la neige

L’épouvantail reste seul, l’échine désormais courbé, son piquet est rompu depuis qu’il l’a plié. Mais il sait. Un jour, le corbeau sera de retour.

J’avais déjà apprécié le travail d’Eric et Terry Fan dans l’album « Le noir de la nuit », édité par les éléphants. Ils ont également fait d’autres albums chez Little Urban que je n’ai pas eu l’occasion de lire.  J’aime énormément leurs illustrations, qui transmettent toujours beaucoup d’émotions et sont souvent étonnantes. Dans « L’épouvantail au cœur de paille » le grand format permet de les admirer et leur rend un hommage mérité.

Le texte de Beth Ferry bénéficie d’une belle traduction (par Véronique Mercier-Gallay, on omet trop souvent de mentionner les traducteurs, qui ont pourtant une grande importance dans le succès d’un livre). Il est poétique juste ce qu’il faut, n’est pas bavard, est agréable à lire et supporte très bien les multiples relectures. Et il est apprécié des enfants.