Ils sont sortis ces derniers temps, ils sont chouettes et mériteraient un article rien que pour eux si j’avais plus le temps, voilà les références d’albums qui ont retenu mon attention.

Mon petit lapin, Nathalie Dieterlé, Didier jeunesse, 2024, 11€50

L’autrice illustratrice poursuit son exploration des comptines pour petits dans un format album cartonné avec des trous et/ou rabats. On se laisse volontiers entrainer par la ritournelle bien connue, augmentée de deux nouveaux couplets qui créent la surprise. La chute invite à un jeu de chatouille avec les bébés, ils vont adorer! Et les parents vont s’en donner à cœur joie.
Ici l’accent n’est pas porté sur le larcin du petit lapin qui vole une salade au fermier mais plutôt sur le jeu de coucou, une valeur sûre qui ravit toujours les petits.

J’aime beaucoup les variations offertes par les différentes versions qui font vivre et évoluer les comptines traditionnelles, un genre par nature en constante transformation car issue de l’oralité.

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Bonjour Trésor, Bonne nuit trésor, Véronique Massenot, HongFei, 2024, 11€90

Deux petits albums cartonnés, au texte joliment rimé qui mettent en scène un jeune enfant de jour et de nuit. Le texte court, les images bien contrastées, l’utilisation du noir et blanc qui domine et de la couleur qui vient petit à petit, tout fonctionne très bien.

On ne sait pas qui est le narrateur invisible qui s’adresse à son « trésor » mais on ressent la tendresse de la relation et l’amour qui transpire du surnom, il peut s’agir du père, de la mère ou de n’importe quel adulte qui porte sur l’enfant un regard plein d’affection.
Les deux albums se terminent par une très belle double page qui suscite généralement des exclamations chez les petits lecteurs.

L’idéal c’est de les avoir tous les deux, car ils forment un tout et s’enrichissent mutuellement, chacun incite à relire le précédent.

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Ce petit moment, Elo, Sarbacane, 2024, 15€50

Il n’y a pas que les petits formats qui sont adaptés aux petites mains des petits bébés.
Un beau grand format c’est intéressant aussi, plus immersif, le regard du mouflet peut s’y attarder.

Dans cet album destiné au premier âge, Elo navigue entre l’imagier et la petite histoire du quotidien du bébé. C’est tout tendre. En quatrième de couverture, un petit mode d’emploi de la lecture avec les petits, a titre personnel je n’en suis pas fan (et je ne comprends pas très bien pourquoi il faudrait lire à un moment « loin des repas ») mais ça peut aider les parents s’ils sont un peu perdus, et puis on ne dit jamais assez à quel point c’est important et adapté de lire aux tout-petits. Pour plus de détails, voir la chronique de Sophie Van der Linden.

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Le monde est immense, Anne Cortey, Marion Coclkico, Grasset jeunesse, 2024, 16€90

Un petit bambin, haut comme trois pommes, face à une fenêtre trop haute pour lui. Mais il sait que de l’autre côté, le monde est immense. Tout comme sa soif de grandir et de liberté sans doute. Hop, il grimpe sur une chaise, toutes ces merveilles s’offrent alors à lui! A travers ses yeux, on découvre la beauté de la nature, et on partage son besoin d’émancipation… Jusqu’à un certain point : retrouver les bras rassurants de maman, c’est chouette aussi! J’aime beaucoup cette histoire de séparation qui, pour une fois, est initiée par l’enfant lui même, et qui n’est pas synonyme de peur mais d’autonomie.
Les images en papier découpé et collé sont ombrées ce qui leur donne de la profondeur, elles sont très belles et épurées, les enfants comme les adultes ont plaisir à les lire.

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Choco train, Adrien Albert, l’école des loisirs, 2024, 13€

Vous vous souvenez de la grand-mère de chouchou? Elle avait la classe, hein. Figurez vous qu’elle est la protagoniste de ce nouvel album, et croyez-moi, ça remue toujours autant avec elle! Une histoire d’anniversaire, de train et de gourmandise, avec une course poursuite à faire pâlir d’envie James Bond, mais aussi de l’amour et de l’humour.

C’est drôle et plein d’énergie, Adrien Albert mène son histoire tambours battants, il nous entraine et le petit lecteur avec nous dans des rebondissement les plus inattendus. Bon, ne comptez pas trop sur ce livre pour le « retour au calme », mais pour passer un bon moment y’a pas mieux! Et puis quelle chouette représentation de la vieillesse, ça change un peu!

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Opération poule mouillée, Lu Fraser, Sarah Warburton, Little Urban, 2024, 14€50

Marge, c’est une peureuse, une froussarde, une vraie poule mouillée! Et, bien qu’étant littéralement une poule, être trouillarde à ce point, ça lui pèse. Y’a UN truc qui semble la rassurer: tricoter. Quand quelque chose l’inquiète, elle se plonge dans son ouvrage et tente d’oublier ce qui l’entoure. Quand sa pote, Anna la brebis se fait enlever, faut bien réagir pourtant! Si vous voulez voir une poule déterminée conduire un vieux tracteur sur un rythme endiablé, foncez! On craque pour l’humour dans les dessins et le rythme endiablé du texte.

Cet album peut être l’occasion pour les petits de dédramatiser la peur et le manque de courage que tous ressentent de temps en temps.

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Le cauchemar du loup, François Vincent, Marion Piffaretti, Didier jeunesse, 2024, 13€90

Quand un loup menace de le dévorer, Gaspard s’en sort en lui proposant de le nourrir tous les jours de mets délicieux. Las, il n’a aucun des ingrédients nécessaires. Alors avec son épouse Gertrude, ils mettent un plan au point. Une marmite d’eau bouillante plus tard, le loup en prend pour son grade. Le souvenir de cette belle frousse sera-t-il suffisant pour tenir le prédateur éloigné définitivement?
La littérature enfantine regorge de loups bernés par des humains plus malins que lui, et on en est généralement friands. Avec la verve de François Vincent (rien de tel qu’un conteur pour écrire un texte agréable en bouche) et le trait de Marion Piffaretti pour une touche d’humour supplémentaire, c’est un sans faute.

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Poulain Poulet et Poussin, Michaël Escoffier, Ella Charbon, éditions des éléphants, 2024, 13

Poulain, c’est l’incarnation de la frivolité enfantine, il est libre, joyeux, tout foufou et il a l’esprit d’aventure. Poussin, c’est le tout petit, tellement petit qu’il y a plein de trucs qu’il ne peut pas faire. Et Poulet, tout poulet qu’il est, c’est un genre de maman poule, qui veille sur Poussin au point d’être une véritable entrave à son désir d’émancipation.
Le texte joue sur les allitération sur le son P et il est joliment rythmé, les illustrations attractives et colorées, au point qu’à la première lecture l’histoire peut presque passer au second plan derrière le plaisir des mots.
Mais c’est une histoire de prise de risque, d’aventure et de liberté, moins anodine qu’on pourrait le penser pour le jeune enfant, qui prendra beaucoup de plaisir à feuilleter ce petit album cartonné.

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Le cadeau, Marjorie Béal, le diplodocus, 2024, 13€50

C’est super un cadeau, surtout quand il est bien emballé! D’abord il y a le ruban, qui peut devenir serpent ou lasso le temps d’un jeu. Puis l’emballage coloré, idéal pour faire un cerf-volant.

Sans parler du carton, le plus polyvalent des engins, quel gamin ne s’en est jamais fait une voiture, un avion? Ici, il devient bateau! Loin de l’image consumériste qu’on prête parfois aux enfants, c’est la créativité et l’imagination enfantine qui sont à l’honneur. Et au fait, dans qu’est-ce qu’il contient finalement ce cadeau? Pour le savoir, lisez le livre.

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Train de nuit, Karine Guiton, Clémence Monnet, l’étagère du bas, 2024, 15€

Au milieu des passagers endormis, Zélie s’ennuie. Une musique venant de la voiture bar attire son attention, elle se glisse entre les rangées de sièges et part en exploration. Elle découvre alors un espace féérique, peuplé de créatures marines plutôt amicales, auxquelles elle se joint pour une nuit de rencontres et de jeux. Un verre de nectar de corail à la main, elle observe avec ses nouveaux amis le lever du soleil. Oh, il est temps de partir! Quand le jour est levé elle est de retour sur son siège, pile à temps pour le réveil de sa mère. Le voyage touche à sa fin, les passagers seront bientôt à la plage. Un joli voyage entre rêve et réalité, porté par des illustrations qui mêlent les techniques (peinture, crayon, collages) pour mieux rendre la diversité des sensations.

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Didlidam Didlodom, Sabine De Greef, Pastel, 2024, 13

Il était un petit homme, didlidom, et une petite dame, didlidam, qui étaient voisins. Chacun avait ses possessions, canard, chien et mouton pour l’un, cache, poule et chat pour l’autre. Au milieu pousse un pommier et chacun profite de ses fruits. Jusqu’au jour où petit homme trouve que petite dame prend plus de pommes que lui, nondidoum nondidom, non mais ça, ça ne va pas!

Ils entrent alors dans une surenchère de consommation de pommes, jusqu’à ce que, patatras, leur petit monde n’y résiste pas. Heureusement, ils ne restent pas dans leur aveuglement et trouvent une solution bien plus adaptée que la concurrence. Avec ses allures de contes et ses illustrations adorables, cet album ravira les enfants dès deux ans, et pour nous adultes, il est vraiment très agréable en bouche.

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Une boule de neige au printemps, Virginie Bergeret, l’étagère du bas, 2024, 16€

Dans un jardin au milieu de la ville, les enfants ont trouvé une petite boule blanche. Doux comme du coton, fragile comme un petit oiseau, il s’avère que c’est un lapin et qu’il est blessé. Les mouflets se mettent en tête de lui venir en aide, sans en référer aux adultes qui trouveraient sûrement quelque chose à redire au projet.

On suit le cheminement de ces enfants laissés assez libres eux-même qui vont se rendre compte petit à petit qu’un lapin ce n’est ni un jouet ni une peluche, et que sa place est dans la nature auprès des siens.

L’album n’est jamais ni mièvre ni moralisateur, il amène simplement chacun à réfléchir sur ce qu’est un être vivant et ce qu’on lui doit (lui porter secours si nécessaire et le laisser tranquille le reste du temps, en gros)