la belle pierre anne sofie allermann anna margrethe kjærgaard couverture

La belle pierre, Anne Sofie Allermann, Anna Margrethe Kjærgaard, format, 2022, 16€90

Olivier trouve une belle pierre en jouant sur la plage. Comme elle a la forme d’un pingouin, il confectionne un cirque, dont la pierre sera l’attraction principale. Ophélia arrive, mais elle, elle voit plutôt un phoque dans la forme de la roche.

Tiens, c’est vrai, selon l’angle par lequel on la regarde la pierre peut aussi être un phoque. Le jeu se poursuit. Vient Oskar, qui voit très clairement un requin.
Olivier aime que sa pierre puisse changer selon le regard des gens.
Nous, lecteurs, pouvons adopter le point de vue de chacun des enfants tour à tour, l’illustration parvient à rendre cette pierre toujours pareille et toujours changeante.
Il n’y a rien de plus stable, de plus immuable, qu’un caillou, mais le point de vue, n’est-ce pas, façonne aussi l’objet qui est regardé. Tel est le propos premier de l’album.
La journée se poursuit, les enfants profitent d’une après-midi à la plage.

C’est seulement en toute fin d’album que l’histoire prend un sens nouveau qui nous invite à relire le livre avec un autre regard (oui, je vous l’avais dit que cette histoire de regard était centrale).
Alors que les enfants jouent, une voix venue d’un personnage hors champ les interpelle, on suppose qu’il s’agit des parents de l’un ou de l’autre (ou est-ce une fratrie?)

Olivier jouant avec sa belle pierre en pleine page à droite, texte à gauche

« Ophélia, Oskar, Olivia, on mange ». Olivier répond qu’il n’aime pas être appelé Olivia, et on lui rétorque que c’est pourtant son prénom.

A la lumière de cette information, on relit l’album et on interprète des signes qui nous avaient généralement échappés à la première lecture. Le moment où Olivier perd son maillot de bain, ce qui amuse les deux autres, n’est pas aussi anecdotique qu’on pouvait le croire. Ni le fait que ce personnage ne soit jamais genré, ni au masculin ni au féminin, toujours nommé par son prénom. Ses lunettes, étrangement dissymétriques sur la couverture sont également porteuses de sens. Tout comme ce haut de maillot de bain noir, qui semble abandonné sur une serviette, et qui est mis en valeur par la quatrième de couverture.

C’est donc avec une grande simplicité apparente, mais avec une maîtrise totale tant dans le texte que dans l’image que la question de l’identité de genre est abordée.

Le texte court, agréable à lire, et la qualité des illustrations font de cet album un petit régal, que l’on soit ou non intéressé par la question.

Une belle pierre quatrième de couverture, Olivier de dos en plan moyen portant le haut de maillot de bain