La carotte la brute et le truand, Olivier Chéné, éditions d’eux
Ah là là, qu’est-ce qu’il prend cher le loup ces derniers temps en littérature enfantine. Sans cesse moqué, toujours le dindon de la farce.
Celui auquel nous avons affaire ici n’est pas parmi les plus dégourdis !
D’ailleurs, il a faim, très faim, une faim… Heu, ben oui, une faim de loup, logique. Tout ça parce qu’il s’est réveillé en retard, tous les petits déjeuners sont déjà partis au travail.
En effet, l’image montre qu’il habite dans ce qui semble être un village peuplé de petits animaux. Et, bien qu’il se plaigne de ne point y trouver de proies, ça grouille autour de lui: de longues oreilles qui dépassent par ici, une petite souris qui se cache par là, une chouette qui se calfeutre chez elle…
Le loup, tellement auto-centré qu’il ne les perçoit même pas, se lamente sur son sort.
Quand il aperçoit soudain un lapin, qui n’a pas l’air de vouloir le fuir.
D’ailleurs, oh surprise, il lui tend un lourd paquet, tout en présentant sa carte professionnelle. « Monsieur Lapin, vendeur Représentant Carottes, Carotteur professionnel… »
S’en suit un long dialogue où chacun tente de prendre l’ascendant sur l’autre. Le lapin est un sacré filou, capable de manipuler son monde, mais le loup s’il ne se distingue pas par sa finesse, a la supériorité physique et le rongeur a tout de même un peu chaud aux oreilles par moments.
Cette fable du faible mais futé face au plus fort un peu nigaud, nous la connaissons déjà et la fin pourrait être attendue. Mais la littérature enfantine réserve toujours bien des surprises à ses lecteurs, et La carotte, la brute et le truand ne fait pas exception.
L’album fonctionne très bien grâce à l’humour de la situation et aux dialogues enlevés mais aussi parce qu’il arrive à créer tout un petit univers complet et crédible.
Il y a, autour de l’intrigue, une petite vie de village que l’on effleure à peine mais qui donne du corps à l’ensemble. C’est drôle et très plaisant.