Voici Michel Drouot 400 coupsVoici Michel, Jean-Baptiste Drouot, les 400 coups, 2021, 13€

Un chien, du genre humanoïde (qui marche sur deux pattes, donc), se promène tranquillement mains dans les poches, brin de paille dans la bouche. Ça sent la nonchalance.

Mais voilà qu’il est reconnu par les passants. Partout où il va, les gens l’identifient, d’abord en doutant un peu (“Est-ce bien lui?” “J’ai vraiment l’impression de l’avoir déjà vu…”) puis avec certitude. Et ils ne se contentent pas de le reconnaître, ils le suivent, l’interpellent, préviennent le voisinage, hé, regardez, vous avez vu? Voici Michel, mais oui, c’est bien lui. Chacun quémande un regard, une photo, un autographe.

Le cabot à beau être tout à fait banal (dans ce monde où tous les personnages sont des chiens, entendons nous bien), on en vient à se demander ce qu’il a fait de si extra-ordinaire. Vu la foule qui se presse pour le voir de plus près, on ne peut qu’imaginer une véritable vedette, du genre qui fédère par delà les générations et que chacun veut rencontrer toute affaire cessante.
Pas conciliante la star tout de même: sans le moindre regard pour les autres, il tente de s’éclipser, accélère le pas, puis court franchement.

La foule en délire et de plus en plus nombreuse ne lâche pas l’affaire, croiser Michel dans ce coin de campagne est une aubaine! Mais au fait, est-ce bien lui?

Cette petite histoire absurde se situe entre un épisode de Black Mirror et une bande dessinée de Fabcaro. Elle suscite à la fois amusement et une vague sensation de malaise, tout en nous interrogeant sur les travers de notre société de l’image, qui fabrique des stars dont on se demande parfois ce qu’elles font au juste mais dont on sait le prestige.

C’est simple, c’est drôle, c’est efficace, et ça donne envie de connaitre le premier album de l’auteur, Va chercher le pain.