Petit somme Anne Brouillard, Seuil jeunesse

La maisonnette en bois de grand maman est nichée au cœur de la forêt. Pas l’hostile forêt du loup, non, la forêt en fleur du printemps, celle qui sent bon et où on peut entendre chanter le colibri.

D’ailleurs, il y fait si doux que grand maman sort le landau du bébé pour qu’il fasse un petit somme. Elle a ôté ses sabots et va préparer la compote de pommes pour le goûter.

Le bébé se met à pleurer mais la nature entière veille sur lui. Dans le dégradé de vert que forment les feuillages on repère ici une tâche rouge dans les branches, là une paire d’oreilles qui dépasse derrière une racine, une petite tête d’écureuil qui dépasse d’un trou dans l’arbre. De la minuscule souris au plus imposant renard, tous les animaux viennent s’inquiéter des pleurs du bébé. Mais ils ne veulent pas interrompre grand maman dans la confection de la compote, ils espèrent bien qu’il y en aura un peu pour eux. Tous ensemble, ils veillent le bébé, en attendant que grand-maman soit disponible.

Il y a dans ces images, un intéressant jeu sur l’intérieur et l’extérieur. Porte et fenêtres de la maisonnette sont toujours ouvertes, il y a presque autant de bois dans la cuisine que dans la foret. Mais la frontière est claire: on marche en chaussette dedans et en sabot dehors, les animaux ne passent pas le seuil, et si on regarde souvent de l’intérieur vers l’extérieur ou vice-versa, la limite est bien marquée par l’encadrement de la porte ou de la fenêtre.

Pour finir, tout le monde se régale de la délicieuse compote. Et quand la nuit tombe, les animaux rentrent dans la foret, alors que dans  la maisonnette désormais close, brille une douce lumière.

Anne Brouillard à fait plusieurs albums sans textes. Ici, quelques mots viennent se poser délicatement sur les images. Pas trop, juste ce qu’il faut pour accompagner l’histoire.

On pense forcément à la lecture de cet album à l’indémodable, pousse poussette dans le quel un enfant perdu dans la forêt est ramené par des animaux. Là encore, une économie de texte (avec une structure entièrement dialoguée) sert l’histoire. Là encore, l’image raconte presque plus que les mots. Là encore, on a affaire à un petit bijou d’album, qui fait la joie des petits.